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Je voyage parce que je suis égoïste
Crédit: Safia Sforza/Unsplash
Je m’apprête à partir en voyage. Mon deuxième long séjour à l’étranger cette année.

Je suis fébrile. J’ai très hâte de voir du pays. Beaucoup me trouvent chanceuse de voyager autant. Oui, vous avez raison, je suis chanceuse. Pas d’avoir les moyens de le faire, parce que je ne les ai pas vraiment, ni d’avoir le temps de le faire, je ne l’ai pas vraiment non plus! Je suis plutôt chanceuse d’être assez égoïste pour laisser tout le monde derrière pendant plusieurs semaines et assez courageuse pour choisir de faire fi de plusieurs petites coutumes.

Effectivement, cet été, j’ai quitté le pays juste au moment des festivals. Je n’ai assisté à aucun d’entre eux. J’ai manqué la saison des terrasses, la saison des fraises, des framboises, des bleuets, des mûres. L’anniversaire de ma maman et, surtout, un mois de la vie de mon neveu qui avait 6 mois à ce moment-là (il n’y a d’ailleurs rien comme un bébé pour vous rappeler le temps que vous avez passé à l’étranger!).

Cet hiver, j’ai choisi de profiter de mon long congé des Fêtes pour m’exiler dans l’hémisphère sud. J’ai choisi de ne pas fêter Noël en famille. De ne pas passer la nouvelle année aux côtés de ceux que j’aime. C’est un choix déchirant, et plus la date fatidique de mon départ approche, plus je réalise tout ce que je vais manquer.

Partir, c’est probablement manquer les premiers pas de mon neveu. Et très certainement manquer son premier Noël. Partir, c’est manquer l’occasion de voir ma famille, que je vois si rarement. Et espérer qu’elle ne le prenne pas personnel. Partir, c’est aussi passer à côté des traditions. Ne pas regarder de films de Noël en pyjama toute la journée, ne pas manger de tourtière, ne pas installer mon sapin.

Partir, c’est aussi mettre sur pause une relation à peine débutée, en espérant pouvoir la reprendre à mon retour comme si de rien n'était. Mais tout sera différent, j’en suis consciente. Partir, c’est surtout accepter que le monde continue de tourner sans moi. Accepter de revenir et de réaliser que personne ne m’attendait réellement pour continuer sa vie. C’est accepter de n’avoir probablement plus aucun revenu à mon retour. Partir, c’est être dans le jus maintenant et accepter le néant à mon retour. Parce que personne n’est irremplaçable (et je vous l’ai dit, je suis assez égoïste de partir quand même et laisser les gens en plan).

Partir, c’est sourire et répondre, avec toute la sincérité du monde, « Oui, tu as raison! » quand on me dit que je suis chanceuse sans penser à tous ces sacrifices. C’est ma vie, je l’ai choisie et je la vis pleinement.

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