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Je ne suis pas hétérosexuelle
Crédit: Unsplash/Pixabay

Je ne suis pas hétérosexuelle. Pis je veux en parler. Parce que j’ai longtemps eu peur de le dire. En fait, j’ai longtemps eu peur de me le dire.
 
Ça fait un peu plus d’un an que je me le suis avoué et que, tranquillement, j’en parle autour de moi. À mes amis proches pour commencer et subtilement pour ne pas « officialiser » la chose.
 
Je l’ai récemment dit à mes parents et, pour moi, c’était un énorme pas. Ça m’a beaucoup soulagée. Si je ne l’ai pas fait avant, c’est simplement parce que je n’étais pas prête. Pis ce n'est tellement pas grave. Tout le monde le vit différemment, il faut suivre son propre rythme et ne pas se mettre de pression. C’est un gros travail à faire sur soi-même parce que ça va à l’encontre de tout ce que la société encore très hétéronormative nous a appris. Je suis consciente d’être très chanceuse d’être à l’époque et dans le pays dans lesquels je me trouve, mais ce n’est pas encore évident d’en parler.
 
C’est difficile pour moi parce que ce n’est pas un coming out « conventionnel », je dois me justifier auprès des hétérosexuelles et auprès des homosexuelles parce que je ne suis pas capable de dire exactement ce que je suis. Ce texte d’Alex m’a beaucoup aidée, mais c’est quand même encore difficile à expliquer, même à moi-même. J’ai de l’intérêt pour les hommes, mais il m’est impossible de savoir si cet intérêt est dû à ce que j’ai appris toute ma vie dans mon éducation ou si c’est réel. Mais je sais que je suis malheureuse. Je ne suis pas bien et je veux que ça change.
 
Je voudrais tellement pouvoir aimer sans devoir expliquer. Mais ça ne fonctionne pas comme ça, je dois le dire à voix haute, l’écrire, parce que ce n’est pas évident pour tout le monde. Parce que les cœurs sont censés fitter pareil comme les corps, un gars plus une fille, sinon il y a quelque chose d'anormal, d’intriguant. Cette curiosité n’est pas méchante, mais elle glace le sang. Aujourd’hui, je m’ouvre et je vais attirer les regards, les questions, les « Ah ouin? On ne s'en doutait pas pantoute! ». J’ai perdu un boute de paix. Mais j’ai aussi gagné un boute de vérité pis le troc en vaut vraiment la peine.
 
Je trouve que ce qui est le plus difficile, c’est de me faire dire que ce n’est pas nécessaire d’en parler, que dans le fond, je reste la même pis que je n’ai pas à « m’étiqueter ». Que les hétérosexuelles ne font pas de coming out et donc, pour rendre les autres orientations sexuelles « normales », on ne devrait pas en parler autant. Au contraire.
 
Ça ne veut pas dire que je vais l’écrire sur mon CV ou que je vais maintenant me présenter aux gens en disant « Allô, je m’appelle Lysanne pis j’aime aussi les femmes ». Non. Faire un coming out, ce n’est pas pour s’étiqueter, c’est pour se libérer. J’ai longtemps été bien en le gardant pour moi, mais j’ai commencé à trouver ça difficile et à avoir l’impression de mentir, de me mentir. Je ne veux plus avoir peur de le dire à voix haute, pis ça, je le fais pour moi, c’est un cadeau que je mérite. Elle est là, la libération.

Avez-vous déjà fait un coming out? Comment l’avez-vous vécu?

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