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Retour sur mon big chop : perspectives et réalisations
Crédit: Eugenio Marongiu/Shutterstock

La première fois que je me suis fait lisser les cheveux grâce à des produits chimiques, j’avais environ 6 ans. C’est une étape dont beaucoup de femmes noires se souviennent assez bien, généralement! L’odeur, la sensation de brûlure, la tête toute blanche, et bien sûr, la face de la fille de la boîte de Just For Me. J’espérais tellement intérieurement avoir les mêmes cheveux qu’elle, et au final, c'était décevant…

Depuis, j’ai vécu la même expérience très souvent sans comprendre, jusqu’à il y a environ un an, les réelles implications de ce que signifie se défriser les cheveux. Toute jeune, je me rappelle n'avoir vu que rarement des femmes noires à la télévision qui gardaient leurs cheveux naturels; la majorité d'entre elles avaient les cheveux lisses. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais ç'a fini par me rentrer dans la tête.

À la vue de chaque repousse après une coiffure protectrice, je m’empressais de les faire disparaître à coup de défrisant chimique… Je ne savais pas comment prendre soin de mes cheveux, ils étaient fins et cassaient constamment. Au fond, j’essayais de passer inaperçue, que mes cheveux n’attirent pas trop l’attention, mais ce fut un échec lamentable!

Il y a environ trois mois, après avoir passé beaucoup de temps à regarder des photos de femmes noires arborer leurs cheveux naturels, j’ai décidé d’enfin sauter le pas et de faire ce qu’on appelle le big chop. Avec l’aide d’une amie barbière spécialiste en cheveux naturels (shout-out à Ayaan, en passant), je me suis fait couper les cheveux, plus précisément toutes les parties lissées chimiquement, puisque dès que les cheveux sont altérés, il est impossible de faire partir le défrisant!

Ç'a été une expérience vraiment stressante et forte en émotions, même plus que lorsque j'avais fait le Défi têtes rasées en 2012! Je n’avais jamais pu connaître, apprécier et aimer la texture naturelle de mes cheveux, parce que j'entretenais depuis tellement longtemps l'idée que les cheveux crépus étaient difficiles à coiffer, à styler, qu'ils étaient non professionnels, etc. J’ai ensuite eu les conseils de plusieurs femmes noires aux cheveux naturels, et je me suis informée sur YouTube et plusieurs blogues pour apprendre à en prendre soin, mais ce sera l’affaire d’un autre billet!

Mon ressentiment face aux cheveux naturels se justifiait par ce que j'avais internalisé en regardant les médias, ne voyant que rarement (lire jamais) des femmes noires, et encore moins celles avec des cheveux naturels. Les modèles de femmes noires qui étaient représentées avaient toutes des perruques ou des cheveux lisses. Pensons par exemple à Beyoncé, Lil Kim et autres. J’avais donc associé, dès mon jeune âge, les cheveux lisses au succès, à la réussite, au bonheur, à l'appréciation. Avec le temps, j’ai pu me réapproprier mes cheveux, apprécier leur texture, leur douceur, explorer les différents styles que leur longueur me permettait et déconstruire le racisme internalisé que j’avais envers les cheveux naturels.

Pour terminer, comme féministe vivant à la croisée de plusieurs oppressions systémiques, je crois qu’il est essentiel de comprendre pourquoi nous faisons les choix que nous faisons au quotidien, afin de faire ceux qui nous conviennent le mieux. Ce texte n’a pas pour but de juger les décisions de quiconque par rapport à leurs cheveux, mais de vous raconter mon expérience, et peut-être, mieux vous guider. Votre corps, vos choix.
 

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