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L’image de soi quand la représentation positive fait défaut
Crédit: Yulia Grigoryeva/Shutterstock

Ah, la représentation positive dans les médias et la culture! Cette chose à laquelle on n’a pas à réfléchir quand on la possède déjà (#Privilège). C’est normal que pour la personne moyenne, qui a une pléthore de modèles auxquels s’identifier, quand des SJW demandent plus de diversité dans les contenus, ça sonne « extrémiss’ ». Pourtant, non, ce n’est pas trop demander. Ça prend juste un peu d’empathie pour s’en rendre compte.

Entendons-nous sur la prémisse suivante :  dans les contenus culturels (j’entends par là films, séries, publicités, memes et romans particulièrement, mais pas seulement), quand on en consomme une certaine quantité étalée sur une longue période, on se rend compte que le personnage par défaut est généralement blanc ou pâle, jeune, hétérosexuel, conventionnellement beau et mince, et combien d’autres lieux communs.

Crédit : Capture d’écran du rapport 2016 de l’Université du Sud de la Californie (USC) pour la Media, Diversity, & Social Change Initiative
Inequality in 800 Popular Films : Examining Portrayals of Gender, Race/Ethnicity, LGBT, and Disability from 2007-2015

Y’a rien de mal intrinsèquement, là-dedans. Mais c’est tout ce qu’on voit partout. Le personnage de base, il ressemble à ça. Tous les autres, sauf heureuses exceptions que je vais énumérer dans un prochain article, sont pluggés dans l’histoire parce que ce qui les fait diverger des critères susmentionnés, c’est précisément ce qui est utile à l’intrigue, et ça ne leur obtient pas le beau rôle. Ils font office du running gag, du stéréotype ou du token (quota ethnique).

L’enjeu est large et touche tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le moule que je viens de décrire plus haut. Je ne saurais le couvrir exhaustivement en un seul article, alors concentrons-nous sur le cas des grosses, sur lequel je peux le plus intimement m’exprimer.

Elles ont été nombreuses avant moi à l’affirmer : je n’invente rien en disant que les images et les messages médiatiques qu’on reçoit, explicitement ou non, affectent veux, veux pas la valeur que l’on s’accorde en tant que personne. En effet, quand depuis toute petite, on se fait affirmer que les gens comme nous ne valent pas la peine d’être représentés de façon sensible et complexe, et qu’on obtient des modèles dégradants pour les deux prochaines décennies, c’est possible que ça te fuck quelqu’un. Que ce soit…

  • Quand on entend des humoristes constamment se tourner vers l’existence des gros comme leur vache à lait (sans mauvais jeu de mots) de secours;
  • Quand la réponse des gens demeure souvent « Mais non, t’es pas grosse, t’es full belle! » lorsqu’une fille visiblement mince se plaint qu’elle « se sent grosse », comme si « grosse » était synonyme de hideur;
  • ​Quand être gros est un état « avant » misérable et qu’être mince est un upgrade, style Le Vilain Petit Canard;

Le personnage de Schmidt connaît cette transformation dans la série New Girl, que j’adore normalement.
Crédit : We Heart It, SchmidtNewGirl/Twitter

 

  • Quand, dès les films d’animation pour enfants, les seuls personnages corpulents sont les vilains ou alors des personnages secondaires peu sérieux;
Crédit: Montage Ton Petit Look
  • Quand on se voit dépeinte dans les médiums visuels comme une partenaire romantique et sexuel de dépit, comme un être désexualisé incapable de provoquer un désir sincère chez autrui, comme une pathétique pas de classe qui n’a jamais droit à l’idyllique histoire d’amour avec un garçon parfait;

 


Des haters ont quand même trouvé le moyen d’être odieux devant l’une des premières scènes d’amour fat positive au petit écran.
Crédit  : theshadroominc/Instagram

Après 21 ans de ça, ça donne une fille comme moi qui, même après trois années de solide relation, se retrouve encore en larmes à demander à son copain s’il est avec elle parce qu’il ne peut pas avoir mieux, si ce n’est pas à cause d’une joke, d’une gageure perdue, s’il n’est pas sincèrement attiré par elle, et qu’il couche avec elle seulement parce qu’il n’a rien d’autre.

Crédit : Favim

Tout comme ça adonne que les personnages de base soient, coïncidence, presque tous blancs-minces-beaux-jeunes-hétéro. J’aimerais que ça adonne qu’une héroïne soit grosse, avec une personnalité indépendante de son type de corps, et sans que son corps n’affecte l’intrigue. Juste une caractéristique comme une autre, rien qui ne la définit, comme le starter pack du personnage par défaut ne le définit pas. J’aimerais qu’on normalise et humanise nos existences dans les médias et la culture, parce qu’on est là.

Soyez à l’affût du pendant optimiste à cet article : les œuvres culturelles et médiatiques qui présentent une image positive et juste des femmes taille plus.

 

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