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Pourquoi j’ai appris à ne plus me fier à mon instinct
Crédit: kittirat roekburi/Shutterstock

L’anxiété, contrairement à la croyance populaire, c’est un élément intrinsèquement sain de notre cerveau à tous. Dans ses proportions normales, c’est un élément-clé de notre instinct de survie : c’est ce qui nous garde alertes, lucides et prêts à une réaction prompte de notre organisme en cas de menace – on peut lui attribuer le succès de notre existence grâce à sa propriété adaptative au cours de l’évolution.

Sans elle, c’est l’apathie. Face à un danger, on ne présente pas la réponse automatique de survie du fight, flight or freeze (se battre, fuir ou figer), et on meurt (joke pas joke).

Son problème, c’est quand elle est déréglée. Elle va alors signaler, à tort et à travers, tout et rien comme un danger. Tu parles d’un cadeau empoisonné! Dans ce cas-ci, trop c’est comme pas assez, et quand l’instinct de survie fait trop bien sa job, ben il la fait mal.

Vous comprendrez que j’ai de la misère avec les discours qui ne jurent que par l’instinct ou l’intuition pour s’orienter dans la vie. Je trouve qu’ils font preuve d’une certaine paresse intellectuelle en présumant une expérience universelle de la vie à partir du cas de figure le plus connu, ou du moins, le moins tabou (l’anxiété fonctionne sainement et la personne ne souffre pas de ses débordements).

Mais il n’y a pas que ça. Ce genre de discours est tout simplement impensable à appliquer pour moi.

Dans mon cas, mon cher instinct, il me dit : « AH! Une interaction sociale! Dangereux ça, et si tu faisais ~ mauvaise impression ~? Mieux vaut rester dans ton coin » ou « Une conférence qui t’intéresse dans un pavillon inconnu, dans un local inconnu, toute seule entourée d’inconnus? Aussi bien faire une sieste à la place, ben moins dangereux » ou alors « Une aventure inoubliable en solo dans la grande ville pour rencontrer des gens importants ou ben un jeudi normal à aller à ton cours hebdomadaire? Quand est-ce qu’on ne part pas? » ou bien « Un texte à écrire? Tu ferais mieux de t’en tenir le plus loin possible jusqu’à la veille de la date butoir, d'un coup que tu le raterais, ce qui serait bien pire que de l’écrire en retard! (TPL life) »

Bref, vous voyez le topo. Si j’écoutais ce que mon intuition a à me conseiller, je prendrais de mauvaises décisions pour moi-même et je manquerais des opportunités. La lentille de mon anxiété excessive me fait faire des diagnostics trompeurs sur la vie, les gens et les choses plutôt que se contenter de sainement aider à ma survie.

Donc il faut toujours que je remette en question la première intuition qui devient, plutôt que la voix d’un mentor plein de sagesse, celle d’un petit démon espiègle qui veut me mettre des bâtons dans les roues. C’est pourquoi je dois toujours faire la part de choses et rationaliser mon chemin vers ce qui est réellement bon pour moi.

Avez-vous le même sentiment envers votre instinct? 

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