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Ramenez les « philosophesses », les « médecines » et les « peintresses » : quand la langue française fait disparaître les femmes – Partie 2
Crédit: Irina Bg/Shutterstock

 

Dans la première partie de cet article (je vous conseille vivement de la lire avant de continuer cette lecture), j’ai abordé le sexisme dont a fait preuve l’académie de la langue française depuis sa création, notamment en faisant disparaître certains noms féminins, surtout des noms désignant des occupations qui étaient alors jugées trop nobles pour les femmes et qui se devaient, selon les bonzes de l’académie de la langue française (tous des hommes), d’être réservées aux hommes. 

 J’ai aussi expliqué pourquoi la langue française, dans sa structure, pouvait être problématique, car elle pouvait carrément, dans certaines situations, faire disparaître les femmes de l’histoire, faute de mots et de structures adaptées pour décrire certaines réalités.
 
Si l’on part de la prémisse qu’une langue doit comporter un vocabulaire et une structure suffisamment élaborée pour permettre de décrire de façon précise la réalité de chaque personne qui la parle, nous faisons face à un problème et il est temps que notre langue évolue et s’adapte.

 D’ailleurs, la langue française s’ajuste constamment en ajoutant de nouveaux mots permettant, par exemple, de décrire les nouvelles technologies (pensons à courriel ou mot-clic). Pourquoi ne pas permettre de féminiser certains mots ou certaines phrases afin de mieux décrire la réalité actuelle que vivent certaines femmes?
 
Au fait, dans la langue française, pour quelle raison le masculin l’emporte-t-il sur le féminin de toute façon ?
 
 
La linguiste-chercheure Céline Labrosse (auteure de « Pour une grammaire non sexiste » et « Pour une langue française non sexiste ») nous le rappelle :

« Quant à l’aspect historique du genre masculin l’emportant sur le féminin, sa signification symbolique n’est point anodine : pour le français, ce sexisme grammatical est attribué à Vaugelas (1647), qui a statué le premier que le genre masculin est le genre le plus noble. Il faut attendre 120 ans, soit en 1767, pour lire Nicolas Beauzée soi-même expliciter cette acclamation par, nommément, le genre masculin est réputé plus noble que le genre féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. Rien de moins! » le devoir, 6 janvier 2017
 
 Les propos de Vaugelas, Claude Favre de (1585-1650), se retrouve dans Remarques sur la langue françoise : utiles à ceux qui veulent bien parler et bien escrire (1647) (en ancien français).
 
Les propos de Beauzée, Nicolas (1717-1789), se retrouvent dans Grammaire générale, ou Exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage : pour servir de fondement à l'étude de toutes les langues (1767), (en ancien français).
 
On a beau dire que ce n’est que pour faciliter la structure de la langue, à la lumière de ses informations, affirmer que le masculin l’emportant sur le féminin dans la langue française représente une forme de manque de respect et de violence ne semble pas si farfelu après tout…
 
 Comment changer les choses…
 
 
Une langue n’est pas statique, elle est le reflet de l’identité et de la réalité d’une société, et comme cettedite société et ses mœurs, elle évolue dans le temps. Si l'on aspire à une réelle égalité homme femme dans notre société,  ou encore mieux, si comme plusieurs personnes l’affirment, cette égalité entre les hommes et les femmes est déjà présente, n’est-il pas temps que notre langue la reflète?

L’élite masculine d’une société patriarcale a pu autrefois, à une certaine époque, choisir de faire disparaître du dictionnaire les philosophesses, les médecines et les peintresses, car elle jugeait que le masculin suffisait et que certains métiers devaient être réservés aux hommes.
 
En 2017, je pense qu’il n’est pas impossible pour une société qui se dit égalitaire de réhabiliter ses termes et d’adapter la langue française afin que celle-ci soit davantage inclusive et qu’elle permette de décrire correctement la réalité de 50 % de la population, qui n’a pas à s’incliner ou à disparaître devant l’autre 50 %.
 

À réfléchir.

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