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Une auteure et son oeuvre : Kim Thùy
Crédit: Crédit : Libre Expression, Montage : Nathalie Slupik

Parmi les projets que je souhaite entreprendre en 2017, il y a celui de tenir une chronique littéraire pour Ton Petit Look. Suivant une initiative féministe plutôt populaire sur le blogue, j’ai décidé de vous présenter différents portraits d’auteures et leurs œuvres. Je tenterai de présenter le plus de diversité possible au sein de ma chronique, puisque toutes les écrivaines, qu'elles soient d’hier, d’aujourd’hui, d’ici ou d’ailleurs, souffrent d’un cruel manque de représentation. Mon premier portrait : Kim Thùy. 

Kim Thùy : l'auteure
Née à Saïgon en 1968, Kim Thùy faisait partie de ceux qu’on nomme les boat-people lorsqu’elle a quitté le Vietnam avec ses parents, à l’âge de dix ans. Titulaire de diplômes en traduction et en droit, l’auteure a travaillé comme couturière, interprète, avocate, propriétaire de restaurant et chroniqueuse culinaire pour la radio et la télévision. Elle se consacre aujourd’hui à l’écriture, en véritable amoureuse des mots. Kim Thùy se dit en effet « enfant de la loi 101, francophone, francophile dans l’âme », parce qu’ayant quitté son pays natal très jeune, elle a appris à réfléchir en français. Le vietnamien demeure pour elle la langue de l’enfance, et le français est celle avec laquelle elle a complété sa scolarité.
 
Si j’accorde de l’importance à ces fragments de la vie de Kim Thùy, c’est qu’ils déteignent tous grandement sur son œuvre. Bien qu’il ne s’agisse pas d’autobiographie et que l’auteure hésite à parler d’autofiction pour définir son travail, ses romans sont librement inspirés de ses expériences personnelles. Ainsi, l’exil est au cœur de son œuvre, et l’auteure en traite avec la délicatesse de sa plume d’écrivaine de peu de mots. 

Ru (2009)
Tout premier roman de Kim Thùy, Ru a connu un grand succès dès sa sortie. Il a remporté de nombreux prix, dont le prix RTL-Lire 2010 du Salon du livre de Paris et le Grand prix littéraire Archambault en 2011. Dans ce livre, dont le titre signifie « petit ruisseau » en français et « berceuse » en vietnamien, Kim Thùy laisse couler sa mémoire sans aucun souci de linéarité, et dévoile ses souvenirs : son enfance au Vietnam pendant la guerre, son arrivée au Québec, ses études, sa famille et son enfant autiste. Elle rend hommage aux gens qui l’ont accueillie dans la petite ville de Granby et qui ont, raconte-t-elle, facilité son intégration. Ce n’est pas son histoire qu’elle souhaite raconter à travers ce livre, mais bien celle de tous ceux qu’elle a croisés. Elle espère que les Vietnamiens qui ont vécu la même guerre sauront se retrouver dans ses mots. Un livre nécessaire en ce monde où l’exil est encore un phénomène commun, pour comprendre et développer notre empathie. 

Crédit : nacha.s/Instagram

Mãn (2013)
Finaliste du Prix des cinq continents de la Francophonie en 2014 et traduit en neuf langues, Mãn est le troisième ouvrage de Kim Thùy. Plus personnel que Ru, où l'auteure agissait en observatrice, Mãn nous dévoile sa vision des sentiments amoureux. Le thème de l’exil y est encore une fois abordé, mais sous le couvert d’un personnage plus mature, à l'image du style plus affirmé de l’auteure. C’est l’histoire d’une femme qui apprend à aimer, le mot autant que le verbe. Et à mesure que l’histoire avance, le lecteur est transporté malgré lui dans la même magnifique progression. 

Publiée principalement aux éditions Libre Expression et Stanke, Kim Thùy compte aujourd’hui quatre œuvres à son actif. À toi (2011) et Vi (2016) sont déjà entassés dans ma pile de livres à lire qui attend patiemment la fin de ma session, quand j’aurai enfin le temps de lire tout ce qui me tente! Je ne saurais me lasser de ses mots empreints d'une sensibilité qui va directement toucher le fond de mon âme.

Connaissiez-vous Kim Thùy? Avez-vous lu un, ou plusieurs, de ses romans?

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