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Le diagnostic en santé mentale : une « étiquette » stigmatisante?
Crédit: Lightspring/Shutterstock

Étudier en santé mentale, et en plus dans un domaine qui demande de poser des diagnostics, m’a amené un lot d’interrogations. Je me questionne parfois sur l’utilité même du diagnostic, de cette « étiquette », qui divise trop souvent les gens. Je me demande si on ne devrait pas plutôt s’en foutre, de la différence…

Le cerveau humain aime les catégories, parce que celles-ci aident à simplifier les choses et à mieux comprendre certains concepts. Sauf qu’il est important de faire la différence entre « concepts » et « êtres humains ». Un être humain, c’est pas mal plus complexe qu’une catégorie diagnostique.

Les risques de la pose d’une « étiquette » sur un enfant
S’il s’agit d’un enfant, son cerveau et sa personnalité sont encore en plein développement. Certains retards peuvent se replacer avec l’âge, donc, pour un diagnostic, la prudence est de mise. Par exemple, un enfant qui présente des difficultés en français n’a pas nécessairement une dyslexie. Avec un suivi adéquat (ex. tuteur.rice, orthophonie, orthopédagogie), l’enfant peut bien s’améliorer et la notion de trouble ne s’applique plus.

Puisque le développement cérébral d’un enfant est assez imprévisible, c’est tout un défi de statuer sur la présence d’un trouble ou non. Même s’il rencontre des difficultés à l’école, il faut savoir établir la limite où les difficultés dépassent suffisamment la norme pour être définies comme un trouble. Ce n’est pas une responsabilité que je prends à la légère, qui plus est, parce que le diagnostic peut suivre l’enfant toute sa vie.

Les dangers des diagnostics non professionnels
Je vois aussi l’effet néfaste que la pose d’un diagnostic venant de personnes non professionnelles peut créer quand j’entends : « elle a fait ça, mais c’est clair qu’elle est borderline » ou « il est awkward, c’est un autiste ». Ces diagnostics sont faux la plupart du temps et, qu’ils soient vrais ou faux, manquent cruellement de délicatesse à l’encontre des personnes concernées et de celles qui souffrent véritablement.

Il existe des personnes qui se croient en mesure de diagnostiquer les gens de leur entourage sous prétexte qu’ils les connaissent bien ou qu’ils leur « tapent sur les nerfs » cette journée-là. Personnalité limite, asperger, TOC, TDA/H, dépression, etc. ne sont pas des appellations banales qu’on lance un peu comme bon nous semble.

Les avantages du diagnostic
Il y a des impacts importants à émettre un diagnostic, mais il y a des impacts tout aussi importants à ne pas en poser quand c’est le temps. Obtenir un vrai diagnostic comporte plusieurs points positifs qui font que je vois la pertinence d’apposer la fameuse « étiquette ». Quand le contexte y est, la plupart des gens sont soulagés de mettre des mots sur leurs souffrances.
Souvent, c’est aussi un des seuls moyens d’obtenir enfin de l’aide dans un délai « raisonnable ». Un diagnostic rend la souffrance plus urgente aux yeux du réseau de la santé, qui fonctionne selon un système de priorités à très court terme.

Un diagnostic de santé mentale reste un outil de travail (et non de discrimination) qui permet de se créer des références entre professionnels pour mieux intervenir. Si je parle de TDA/H, je parle d’inattention et d’hyperactivité. Si je parle de personnalité limite, je parle entre autres de peur de l’abandon. Et ce, au même titre que, si je parle d’otite, je parle d’une infection aux oreilles.

Son usage doit donc rester entre les mains d’un professionnel et son patient!

 

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