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Les standards des uns sont les privilèges des autres : quand un voyage met tout en perspective
Crédit: dotshock/Shutterstock
J’ai grandi dans la ouate, j’en ai toujours eu conscience. Mais plus je vieillis et plus je réalise combien ce qui me semblait être un standard est en réalité un privilège pour d'autres. 

Je fais souvent du woofing : je travaille en échange d’un logement et de nourriture pour voyager. Lorsque je suis logée dans un pays dit développé, je m’attends à un minimum de confort. Un lit, un oreiller, un endroit propre, une prise électrique pour charger mon cellulaire, une douche chaude et l’accès à l’eau potable.

Ma perception quant à ces standards a diminué lorsqu’en Islande, je me suis retrouvée dans une vieille école en construction, avec quinze autres individus dans le même dortoir que moi et à marcher vingt minutes pour prendre une douche (commune) à la piscine municipale. Je pensais que j’avais un peu atteint le maximum plausible, que deux ronds de poêle sur quatre qui marchent, c’était le comble du manque de confort possible. Eh bien non!
Alors que j’offrais mon expertise pour aider à la construction d'une maison, je me suis retrouvée chez l'hôte, qui m’offrait, en guise de logement, une tente moisie et poussiéreuse. J’aurais pu m’y faire, si seulement, après une longue journée de dur labeur, j’avais pu me laver autrement qu’avec un seau d’eau à la couleur douteuse.

C’est à ce moment-là que j’ai réalisé à quel point mes standards étaient les privilèges de certains. Ce qui, pour moi, était acquis, ne l’était pas tant, au fond. Mon voyage a remis plusieurs fois en question mes standards de logement adéquat. Notamment quand, sous la pluie battante, j’ai lavé des toilettes compostables pour avoir droit à trois repas par jour, un coin de gazon où poser ma tente (perméable à l’eau, prêtée par des amis) ainsi qu’une douche à la température ambivalente.

Pour moi, la situation était temporaire. Au terme de ces quelques semaines de confort douteux, je me suis payé quelques nuits à l’hôtel, puis je suis retournée dans mon appartement. Celui-là même où j’ai une vingtaine de prises électriques, un lit à l’abri de la pluie et autant de douches et de bains chauds que je peux souhaiter. Je suis consciente que ce n’est pas le cas de tout le monde.
Mon premier hôte, notamment, vivait sans douche, sans électricité, dans un bunker non isolé. Mais plus près de moi, plusieurs foyers québécois n’ont pas d’accès quotidien à l’eau potable. Pour beaucoup de personnes, au moment de recevoir leur paye, il.elle.s doivent choisir entre manger ou payer le loyer.

Cette expérience m’a permis de toucher du doigt le privilège que j’ai et d’être reconnaissante à chaque douche chaude que j’ai la chance de prendre…

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