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Je rêve d’un nationalisme québécois plus inclusif
Crédit: BalkansCat/Shutterstock

Comme le suggère ma bio de collaboratrice, je rêve que le Québec soit un pays. Je suis nationaliste.

Ce mot possède-t-il une connotation malaisante? Ce serait justifié. Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, le mot « nationalisme » possède deux définitions majeures :

« Doctrine, mouvement politique fondé sur la prise de conscience par une communauté de former une nation en raison des liens ethniques, sociaux, culturels qui unissent les membres de cette communauté et qui revendiquent le droit de former une nation autonome. »

Et, à partir du 19e siècle :

« Courant de pensée qui exalte les caractères propres, les valeurs traditionnelles d'une nation considérée comme supérieure aux autres et qui s'accompagne de xénophobie et/ou de racisme et d'une volonté d'isolement économique et culturel. »

Ça semble familier ?

Il n’y a qu’à regarder les différents groupes « patriotistes » pour comprendre d'où vient l'association nationalisme-racisme… des groupes islamophobes et racistes comme la Meute, qui compte près de 50 000 membres sur son groupe Facebook secret, Pégida Québec, qui approchait les 20 000 membres avant que la page ne soit supprimée (puis restaurée), et le nouveau parti politique Alliance Nationale Réformiste du Québec (autrefois Front National du Québec).

Ce n’est donc pas saboter le mouvement souverainiste que d’affirmer qu’il est largement enraciné dans la peur de l’autre et le repli sur soi. Le mouvement n’avait pas besoin des méchants fédéraliss' pour le diffamer de la sorte. Il s’est fait ça tout seul.

Reconnaître la xénophobie du mouvement séparatiste, cet éléphant dans la pièce, n’est pas une attaque. Il s’agit d’un constat, et pas un beau, auquel il faut remédier.

Justement, les personnes qui critiquent le mouvement souverainiste de bonne foi – et j’exclus ainsi les médias aux inclinations de Québec-bashing –, même s'ils le font parfois sévèrement (et c'est mérité), ont des choses très pertinentes à dire. Et il est temps de les écouter sans décrédibiliser leur parole.

On peut se flatter tant qu'on veut dans le sens du poil entre nous à grands coups de déni intellectualisé, prêcher à des convertis qu’on est des bonnes personnes et que les critiques voient le mal partout, c'est nous les pires : ce n’est pas pour rien que le mouvement est suranné pour une bonne partie de la population, comme les personnes racisées, qu'elles soient immigrantes ou autochtones. C’est parce que ce mouvement n’a jamais eu en tête leurs intérêts. Pire, il les ignore complètement, encore aujourd'hui. 

Pourtant, au Québec, il n’y a pas qu'une sorte de laine dans son tricot serré. S'obstiner à maintenir le contraire est traître à l'idée de nation. Veut-on vraiment d'un pays bâti sur la suprématie blanche? Pas moi, et je ne suis pas la seule.

Et reconnaître ça, ce n’est pas nier le passé traumatique de peuple colonisé des francophones par les Anglais. Mais nous nous sommes simplement fait servir notre propre médecine. Nous oublions trop rapidement que nous sommes colonisateurs, nous aussi, et que nous avons toujours nos propres traumatisés de la colonisation à qui nous avons imposé le français comme nous nous sommes fait imposer l'anglais.

En effet, c’est bien beau parler du Québec comme de notre pays, encore faudrait-il admettre que c’est sur les terres volées des membres des Premières Nations que nous souhaitons affirmer notre souveraineté. Leur désintérêt face à la cause – qui, à mon humble avis, ne pourra jamais décoller sans eux – est égal à notre désintérêt historique envers eux.

Si l'on se targue de comprendre tout cela et qu'on agit en conséquence, on contribue à rendre le mouvement plus sain. Mais il ne faut pas se cacher qu'une fraction vocale et nombreuse demeure vraiment xénophobe et réactionnaire.
À cause d'elle, la cause a mauvaise presse auprès des personnes racisées (avec raison), mais, rendu là, ce n’est pas aux gens qui ne s'y sentent pas les bienvenus de changer leur perception. C'est à nous de faire du travail à l'interne pour changer le mouvement, et le faire correspondre à la première définition du CNRTL.

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