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Les « jokes de mononcle » de Sklavounos, ou la banalisation du harcèlement sexuel
Crédit: Kristina Paukshtite/Pexels

Suite aux piètres excuses qu'a formulées le député Gerry Sklavounos lors de sa dernière déclaration, plusieurs voix se sont élevées afin de dénoncer son manque de sincérité et son flagrant refus d'assumer la responsabilité de ses actes.

Depuis son expulsion du caucus libéral il y a deux mois, il se serait ~ selon lui ~ soumis à un examen de conscience qui lui aurait, entre autres, permis de mieux se pencher sur les conséquences de ses « blagues de charmeur extraverti », ou « jokes de mononcle », telles que qualifiées par certain.e.s.

Comme le soulève la journaliste Rima Elkouri dans La Presse+, effectivement : « comment ne pas éprouver un grand malaise devant les regrets fabriqués d'un homme qui met sur le compte de son côté sociable des comportements allégués de harcèlement sexuel? »

Le harcèlement sexuel fait partie de la définition législative du harcèlement psychologique, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une conduite vexatoire qui se traduit par des comportements, des paroles ou des gestes hostiles, non désirés et répétitifs. On parle d'actes de violence portant atteinte à la dignité et à l'intégrité psychologique ou physique des victimes. Rien qui ne ressemble à de maladroites « jokes de mononcle ».

Bien que les employeur.e.s soient dans l'obligation de conférer un milieu de travail exempt de harcèlement psychologique à leurs employé.e.s, il n'est pas rare que les victimes décident de ne pas porter plainte, notamment lorsqu'elles sont en position d'infériorité hiérarchique par rapport à leur harceleur, mais aussi parce qu'elles savent qu'elles ne seront probablement pas prises au sérieux.

Dans l'armée, par exemple, des femmes se voient perdre leur emploi pour plainte de harcèlement ou d'agression sexuelle. On s'attend à ce qu'elles soient de « parfaites victimes » : à ce qu'elles tiennent un agenda dressant chaque situation de harcèlement vécue au détail près, à ce qu'il y ait des témoins. Si bien que, par manque de preuves, la plupart des plaintes qui sont traitées par la police finissent par être considérées comme non fondées. L'absence de plainte ou d'accusation criminelle n'effacera pourtant jamais ce que ces personnes-là ont vécu.

Par respect pour les victimes, la moindre des choses serait donc de reconnaître collectivement l'existence du harcèlement sexuel en commençant par le désigner comme tel.

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