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Le viol, ce n’est pas que dans une ruelle sombre la nuit
Crédit: SOMKKU/Shutterstock

J’ai eu ma première relation sexuelle à 16 ans.

C’était avec un gars que j’aimais. Beaucoup. Je n’ai toujours pas, à ce jour, rencontré quelqu’un que j’aime autant que je l’aimais, lui.
C’était notre première fois à tous les deux. Ça s’est bien passé.
Mais rapidement, une espèce de « routine » s’est installée. Chaque fois qu’on se voyait, on devait faire l’amour.

C’est vrai qu’on ne se voyait pas si souvent juste les deux, seuls. Mais c’était devenu automatique et régulier : il arrivait chez moi, on couchait ensemble. Après, on verrait.
Je me suis vite rendu compte que je n’aimais pas ça. J’avais besoin de plus. Tu ne peux pas juste arriver chez moi et me sauter dessus. J’ai besoin de plus que ça, j’ai besoin d’amour, de tendresse, de parler avec toi, j’ai besoin de temps pour en avoir envie, aussi. Surtout ça, en fait.
Graduellement, je me suis mise à moins embarquer. Ça ne me tentait pas. Je ne ressentais pas de désir.

Un jour, je lui en ai parlé. Un jour j’ai dit : « Écoute… 'Faut qu’on se parle. »
Je lui ai dit que j’aimais pas ça, comment on faisait les choses. Je n’aimais pas ça.

Mais je l’ai vexé. Il était fâché, il m’a boudée. J’étais celle qui ne voulait pas. J’étais la blonde de marde.
Ça a continué, par contre. J’en suis venue à m’excuser. Et ça a recommencé. Je me rappelle des moments où il était sur moi, et où je regardais le plafond. Où j’attendais que ça finisse.
Ce n’est pas censé être comme ça…

Lui et moi, ça s’est terminé. Il m’a trompée.
Et j’ai réalisé que le consentement lors d’un acte sexuel, ce n’est pas juste légitime. C’est primordial. Un acte sexuel qui se fait sans le consentement de l’autre personne, c’est un viol. Tout simplement. Même si vous êtes en couple avec la personne. Le consentement, c’est essentiel, d’autant plus que c’est nécessaire au plaisir de chaque partenaire.

Je croyais à tort que j’étais une de ces personnes qui ne retirait aucun plaisir des actes sexuels. Je croyais que c’était moi, le problème. Mais au final, j’ai compris que si je n’en profitais pas, c’est parce que je n’en avais pas envie. On couchait avec moi, et je n’avais pas pu dire oui. Ou non. Ou juste… pas maintenant.
On passe pour des mardes, un peu, quand on refuse, quand on dit non, quand on demande de repousser à un peu plus tard. Surtout en couple. Mais c’est correct de dire non. C’est important de dire non, parfois.

La scénariste Chloé Fontaine a réalisé un court métrage, intitulé Je suis ordinaire, qui traite justement de viol conjugal, qu’on peut voir ICI. Ce vidéo assez intense, mais qui représente avec brio la réalité du viol conjugal, pourrait en choquer plusieur.e.s. Il démontre que le viol, ce n’est pas que dans une ruelle sombre la nuit, ce n’est surtout pas qu’avec des inconnus ou des connaissances.

Pafois, ça arrive dans le confort de notre foyer, avec notre partenaire de vie.
Mais ce qui est important de retenir, c’est que malgré tout…

C’est un viol quand même.
 

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