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La fois où j’ai eu peur de moi-même
Crédit: Srdjan Randjelovic/Shutterstock

Il y a quelques années, j’ai eu, pour la première fois de ma vie, envie de mettre fin à mes jours avec des médicaments que j’avais chez moi. J’écris ça et je me sens presque imposteur parce que je ne me considère pas comme quelqu’un de suicidaire, ni même de déprimé. Cette nuit-là par contre, j’ai eu vraiment peur, peur de moi.
 
J’avais eu une journée de marde. J’avais eu une annulation en stage, un de mes profs m’avait donné de la marde parce que j’avais manqué un cours. J’ai tendance à beaucoup participer en classe, donc j’imagine que ça paraît quand je ne suis pas là. Par-dessus le marché, j’avais reçu un message haineux d'une personne faisant partie d’un de mes groupes d’amis qui me laissait croire que tout le monde de la gang voulait m’exclure. À la fin de la journée, je me sentais rejetée, inadéquate, pas à la hauteur et tout le kit. Pour quelqu’un d’autre, ce n’est peut-être pas la fin du monde une journée de même, mais moi j’allais vraiment pas bien. Ce n’était pas une période de ma vie où je peux dire que j’« handlais le shit » mettons.
 
J’ai eu le réflexe d’écrire à une amie qui était familière avec les problèmes de santé mentale et de qui je me sentais proche. Elle m’avait vue à l'école dans la journée aussi, en train d'écouler toutes les larmes de mon corps… Je sentais que je pouvais lui parler de ce que j’étais en train de vivre sans qu’elle veuille alerter les autorités. Je ne pense pas que je voulais vraiment me suicider, mais j’avais des pensées qui me faisaient peur et j’avais un moyen, des pilules pour la douleur dans l’armoire, pour mettre fin à l’ouragan d’émotions que je vivais. Mon amie m’a aidée à me sentir mieux et surtout, je n’ai pas senti que je venais de lui lancer une bombe en pleine face.
 
Le plus idiot dans tout ça, c’est que j’ai fini par m’endormir. J’étais complètement épuisée de pleurer autant. Mon amie s’est inquiétée et a fait venir une autre amie chez moi. Elle a aussi averti mon chum. Ça a pris du temps avant que je me réveille et j’ai réalisé en voyant mon autre amie à la porte que j’avais vraiment fait peur à d’autres gens qu’à moi. Je me suis sentie vraiment coupable, mais elle aussi a su me rassurer en me disant qu’il lui importait peu de s'être déplacée, si c'était pour savoir que j’étais toujours en vie!
 
C’est pas mal la seule fois où j’ai vraiment eu la chienne de ce que je pourrais faire. J’ai déjà eu des comportements autodestructeurs, me faire vomir pour ne plus rien sentir, par exemple, mais jamais je n’avais pensé à en finir.

J’ai eu la chance d’avoir des gens qui m’ont écoutée. Ils n’ont pas cherché à me dire que ça n’avait pas de bon sens de penser ça. Ils ont seulement ouvert leurs oreilles pour entendre ma souffrance.

NDLR :  Si vous ou un de vos proches êtes en détresse, appelez sans frais, partout au Québec, le 1 866 APPELLE (277-3553). Vous n'êtes pas seul.e.

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