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Claude Poissant relit Molière et propose un « Avare » dépoussiéré qui séduit
Crédit: Gunther Gamper / ISABELLE BLEAU COMMUNICATIONS

Avait lieu, jeudi soir, la première de L’Avare présentée et produite par le Théâtre Denise-Pelletier (TDP) situé dans l’arrondissement d’Hochelaga-Maisonneuve.
 
Le TDP présente la troisième relecture de cette comédie signée Jean-Baptiste Poquelin – dit Molière – jouée pour la première fois sur les planches du Palais-Royal de Paris en 1668. Leur dernière adaptation du classique littéraire écrit en cinq actes et initialement inspiré de La Marmite de Plaute (composée ±194 ans av. J.-C.) remonte en 1995 alors que Luc Durand entreprenait le défi de mettre au goût du jour les célèbres mots de l’auteur du  17siècle. Cette fois, c’est au tour de Claude Poissant, cofondateur du Théâtre du PàP et directeur artistique du TDP depuis 2014, de tenter le pari.
 

Crédit : Gunther Gamper

 
L’Avare met en scène Harpagon, un homme on ne peut plus radin, vivant avec la constante peur de se faire voler son butin. On assiste aux contrecoups de sa méfiance excessive alors qu’il jongle avec son obsession séraphine, son empressement à marier sa fille, son fils qui s’émancipe et leur commun désir d’aimer.
 
Poissant propose une revisite honnête mettant l’accent sur la trame où quiproquos et slapstick s’enchaînent provoquant maints rires ici et là. Après tout, Molière faisait dans la comédie! Il y avait plutôt longtemps déjà que je n’avais baigné dans les pages de Molière. Les revisiter m’a d’autant plus fait apprécier sa plume. Malgré les trois siècles qui nous séparent de la création de l’œuvre originale, L’Avare stupéfie quiconque qui y prête l’oreille par la justesse de son actualité.

C’est un espace figuratif qui accueille les personnages, aire laissant toute la place aux berlues d’Harpagon. La scénographie bien qu'esthétiquement impeccable aurait pu gagner à être davantage utilisée. Les costumes, quant à eux, à la fois colorés et contemporains, dynamisent la prose de Molière lui donnant un souffle moderne. Ceux-ci participent également à établir un capital sympathie de la part du public puisqu'on s'y reconnaît.
 
Un élément majeur qui participe au dépoussiérage de l’œuvre est le choix de Poissant à se départir de « l’accent français » auquel ont traditionnellement recours les réinterprétations moliéresques. « Chaque interprète [conserve] son accent ; les mots de Molière appartiennent à nos corps et à nos esprits, et cette langue sera toujours aussi belle, mais plus sincère », détaille le metteur en scène dans le communiqué. Ce choix allège grandement le texte et facilite l’attention pour la pièce de près de deux heures.

C’est un fort agréable moment que l’on passe en compagnie des dix comédiens qui font brillamment revivre L’Avare en 2017.
 

Crédit : Gunther Gamper

Production : Théâtre Denise-Pelletier
Texte : Molière
Mise en scène : Claude Poissant
Interprétation : Simon Beaulé-Bulman, Jean-François Casabonne, Samuel Côté, Sylvie Drapeau, Laetitia Isambert, Jean-Philippe Perras, Bruno Piccolo, François Ruel-Côté, Gabriel Szabo et Cynthia Wu-Maheux
Conception : Alain Roy (Assistance à la mise en scène et régie), Simon Guilbault (Scénographie), Laurier Rajotte (Musique), Linda Brunelle (Costumes), Alexandre Pilon-Guay (Lumières), Florence Cornet (Maquillages), Félix Monette Dubeau (Assistance à la mise en scène), Virginie Thibodeau Urbain (Assistance aux costumes), Julie Measroch (Accessoires), Maria Carvajal (Stagiaire à la production), Jean-Simon Traversy (Conseiller dramaturgique) et Victor Lamontagne (Direction technique).

L'AVARE
Du 15 mars au 8 avril
Au Théâtre Denise-Pelletier
 

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