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Trop : une web série qui fait (trop) du bien
Crédit: Sévrine Dumais
La série s’intitule Trop, mais on n’en a jamais assez. Dans cette websérie à la fois très réaliste, mais aussi poétique et colorée, c’est le quotidien qui est mis en vedette, sans tabous ni clichés. L’auteure et idéatrice Marie-Andrée Labbé a créé des personnages en qui on se reconnaît, qu’on admire, avec qui on aimerait rire et qu’on aimerait consoler. Ce n’est pas une série de filles ou de gars. C’est, selon moi, une merveilleuse représentation d’une génération ambitieuse et créative qui se sent parfois brimée et qui ne sait pas toujours où donner la tête. Dans un décor lumineux, on se retrouve facilement en tant que jeune universitaire/professionnel.le/artiste/name it. Visuellement, on vacille entre le blanc pur, la déco éclectique, la mode actuelle et les nuits brumeuses. Ce n’est pas beau, c’est magnifique. Et on se perd dans un décor qui pourrait être celui de notre appart (we wish).
 
Tout commence quand Anaïs (Virgine Fortin) arrive du Saguenay pour s’installer à Montréal, chez sa sœur Isabelle (Evelyne Brochu). Dans un quartier qui fait penser au Mile-Ex, les deux jeunes femmes incarnent des extrêmes. Anaïs est spontanée, dégourdie, éparpillée. Isabelle est sage, posée et carriériste. Ces deux sœurs-là s’aiment, et ça paraît. On s’attache rapidement aux deux jeunes trentenaires qui se complètent tellement bien et qui savent visiblement s’entourer de gens pas plates du tout!
 
Bref. Anaïs débarque avec ses valises chez sa sœur pour fêter une promotion qu’Isabelle n’a finalement pas eue. Cette promotion qui s’envole, c’est la première déception d’Isabelle. Il y en aura d’autres, comme le diagnostic de bipolarité d’Anaïs qui tombe peu de temps après et qui explique son caractère plus que pétillant, voire explosif. Entre son ex qui se pose des questions, sa sœur qui n’accepte pas sa maladie, son voisin coureur de jupons, son amie en pleine crise existentielle, un poète qui se croit tout permis et sa patronne un brin snobe, mais surtout exigeante, Isabelle trouve que c’est trop, et on la comprend! Mais en restant elle-même, en trouvant de l’aide et en apprenant à s’écouter, elle arrive à garder la tête hors de l’eau, à réapprendre à aimer et à aider sa sœur. On n’est pas dans un conte de fées, mais ça en prend parfois les airs. (En plus, Isabelle a toujours les plus beaux outfits et des looks on point, ce qui fait d’elle une presque princesse des temps modernes!)
 
Trop, c’est, oui, une série sur la maladie mentale qui n’explique pas, qui ne caricature pas, qui ne fait qu’en exposer une vision singulière. Mais c’est aussi plus que ça. En abordant ce sujet-là sans tabous, l’auteure nous oblige à nous interroger sur le sens de la vie (grosse question!) et sur ce qu’est véritablement le bonheur. Parce qu’Anaïs, dans ses périodes troublées, est tellement heureuse! Et ceux et celles qui l’entourent sont souvent plus tourmenté.e.s qu’elle pour une tonne de raisons. Anaïs se sent libre parce que, malgré elle, elle écarte de son esprit beaucoup de questions angoissantes.

Elle fonce, brise des barrières (parfois trop), mais fait tout avec son cœur. Les gens qui l’entourent se posent mille et une questions et s’imposent des contraintes. On se reconnaît hein? #Overthinking Eh bien, c’est ça. Trop nous force à nous demander ce qu’est, au fond, la normalité et qu’est-ce que ça veut dire, au juste, « avoir une maladie mentale »? Le concept de « normalité » est-il désirable? Autour de plusieurs autres grandes questions (l’amour, les relations familiales, l’amitié, la carrière, l’identité, l’itinérance et j’en passe), la série réalisée par Louise Archambault (Gabrielle) et Chloé Robichaud (Sarah préfère la course) nous transporte dans un monde qui pourrait facilement être le nôtre en y déposant quelques grains de fantaisie. Un petit bijou de série disponible sur Tou.tv Extra (Véro.tv) à binge watcher sans restrictions!

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