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« 13 Reasons Why » ou comment aborder le sujet du suicide chez les jeunes
Crédit: 13 Reasons Why/Facebook

Netflix est un plaisir coupable dans lequel je me vautre dans le binge watching sans honte. Pourtant, je n’ai pas pu binge watcher l'une de ses plus récentes créations : 13 Reasons Why.  J’ai dû prendre des pauses à tous les deux épisodes, car le contenu est très lourd et je ne pouvais pas supporter plus que cela. Ainsi, je vais vous donner mon opinion sur l’émission, alors #SpoilerAlert pour ceux qui ne l’ont pas encore écoutée.

D’emblée nous savons que la série traite de suicide et d’intimidation, et plus spécialement de l'histoire d'Hannah, la protagoniste et narratrice de l’émission. Dès le début de la série, nous savons qu’elle s’est enlevé la vie et nous comprenons que chaque épisode sera présenté sous la forme d’une cassette audio expliquant l’une des treize raisons qui l’a poussée au suicide. Nous sommes enveloppés de la voix de Katherine Langford (qui a une présence magnétique et forte) qui raconte son histoire, le tout alternant flashbacks et moments présents où Clay (il est celui qui écoute les cassettes durant la série) vit ces révélations. Bref, mon but n’est pas de vous résumer la série, mais plutôt de vous partager mon opinion.

Tout d’abord, je dois lever mon chapeau à l’équipe qui a choisi les acteurs, car ils sont parfaits. Les adolescents sont convaincants dans leur rôle (dans le sens qu'ils ont réellement l’air d’être des adolescents), et crèvent l’écran. Puis, les adultes sont aussi extrêmement bien nuancés dans leur personnalité et leur rôle.

Bien que ce fut très difficile pour moi d’écouter le tout, je dois dire que j’admire le fait que la production  n'ait pas ménagé les auditeurs. Ils nous forcent à voir ce qu'est l’intimidation et ses conséquences, et ce, à plusieurs degrés. Les images sont tellement fortes que certains épisodes ont un avertissement au début disant que le contenu est difficile et graphique.

Cependant, mon plus grand souci était que le tout donne un ton romantique au suicide le rendant presque glamour, ce qui entraîne une espèce de vague d’idéalisation du suicide auprès des jeunes qui voudront peut-être reproduire un scénario similaire. Je suis encore un peu mitigée à ce sujet, mais la scène où Hannah s’enlève ultimement la vie n’est pas nice. Elle est nerveuse, ce n’est pas parfait, elle panique, pleure, c’est messy et ça offre un portrait un peu plus réaliste que ce à quoi nous sommes habituellement exposé.e.s dans les émissions où un suicide a lieu.

Cette scène est l’une des plus difficiles à regarder, avec celle où elle se fait agresser sexuellement et celle où ses parents la retrouvent sans vie. Ces trois scènes sont crues, vraies et profondément troublantes. Certains diront que l’émission fétichise le suicide, ils n’ont peut-être pas tort. Par contre, elle démontre bien comment une série de gestes intimidants peut porter quelqu’un à poser ce geste, surtout s’il n’y a aucune action faite pour le prévenir ou aider la victime.

Après avoir regardé cette émission, j’ai eu un profond mal-être (qui se fait encore présent, d'ailleurs). Nous sommes constamment confronté.e.s et amené.e.s à nous questionner. Il n’y a pas de pause et je me suis sentie constamment agressée. J’ai l’impression que c’était le but : nous faire vivre un mini pourcentage de ce qu’est l’intimidation. Sauf que moi, j’avais la chance d'appuyer sur « pause », alors que les gens qui vivent cela pour vrai, ou qui sont pris avec l’envie de mourir et la dépression, n’ont pas cette chance. Alors il faut savoir en discuter, ouvrir nos bras, écouter et nous rendre présents pour ces gens.

Bref, je ne peux pas dire que je suggère d’écouter l’émission (parce qu’elle fait mal), mais d’un autre côté, c’est peut-être de ça dont on a besoin pour mieux comprendre.

Si vous vous retrouvez dans une situation où vous avez besoin d’aide, n'hésitez pas à appeller au 1-866-APPELLE (1-866-277-3553)

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