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Faire le point sur son passé, c’est faire un pas vers l’avant
Crédit: Ben White/Unsplash

Il y a trois ans, quand j’ai commencé à réaliser à quel point j’étais malheureuse, j’ai décidé de prendre mon bonheur en main. J’ai commencé à faire plus de yoga, à m’entraîner plus souvent, à manger mieux, à éliminer les écrans de ma vie… Graduellement, j’ai réalisé que je vivais avec un schéma d’abandon et que je ressentais une forte frustration quant à mon enfance.

Tous les psychologues s’entendent sur l’importance de confronter ladite frustration pour aller mieux, mais avec le yoga, la bonne alimentation, la lecture et surtout, en évitant les sources de frustration, ça allait mieux. J’ai même quitté mon job. J’ai cessé de fréquenter des hommes ou du moins, je les laissais avant de m’attacher. Bref, c’est certain que j’allais mieux puisque toutes les sources d’angoisse étaient éliminées et que je dépensais toute mon énergie ailleurs. Les périodes où je me souviens de m’être sentie le mieux, je travaillais 90 h par semaine, je m’entraînais dix heures par semaine ou alors je faisais du bénévolat à huit places en même temps. J’allais bien parce que je m’occupais, il ne me restait plus aucun moment pour angoisser.

Puis, à un moment, ma vie s’est placée. Parce qu’à la longue, mon train de vie de fille qui « va bien » parce qu'occupée m’a épuisée. J’ai rencontré quelqu’un avec qui ça allait bien, que je n’avais pas envie de laisser, et je me suis mise à déraper. Imaginez-vous sur une piste du Redbull Crashed Ice. Eh bien, mes émotions y étaient. Ma relation aussi a dérapé, aussi forte soit-elle. Recevoir un appel de sa blonde qui panique parce qu’elle se sent abandonnée tous les soirs, ça donne envie à l’autre de foutre le camp, solide! Il n’est pas parti. Il était compréhensif, attentionné. Il prenait le temps de me calmer, de me rassurer, mais il se sentait impuissant, malheureux. Il a choisi de me laisser après quelques mois et c’était mieux ainsi. Nous ne pouvions pas continuer comme ça, à nous torturer. Même si nous étions très amoureux, ce n’était pas un bon moment pour développer une relation ensemble.

Perdre mon copain a été comme une claque en pleine face! Je devais faire quelque chose. Les relations que j’avais perdues avant étaient futiles, sans réel avenir. Cette relation-là, elle était spéciale, différente. En rencontrant ma psychologue cette semaine-là, elle m’a parlé de faire les premiers pas vers mes parents, de discuter avec eux de mon enfance et de mes frustrations, de déverser sur eux la colère que je déversais à tort sur mon ex.

Ça faisait trois ans que je savais que c’était ce que ça prenait pour passer au travers, mais je n’étais pas décidée encore. Ce soir-là, en rentrant chez moi, je suis passée devant une librairie et j’en suis ressortie avec « Ton Petit Look II – Les filles sont-elles folles? ». Je ne pensais pas y trouver les réponses à mes questions, je l'achetais par intérêt personnel. Mais, en lisant les témoignages des jumelles, j'ai soudainement compris beaucoup de choses. J’ai réalisé à quel point c’était important pour moi de régler mon passé pour mieux vivre mon futur. Ce n’était pas en faisant du yoga, des mandalas, du bénévolat et tout le tralala que je passerais à autre chose. Ça ne faisait que camoufler mon mal-être. Et ce n’était surtout pas en faisant mal à ceux que j’aimais, à mon ex, à mes amis, à moi-même, parce que je n’étais pas capable affronter mes parents, que je passerais par dessus.

J’ai rédigé un mot pour mes parents. Quelques pages. Je me suis vidé le cœur sur mon enfance, mes blessures, mes déceptions. Je leur ai donné rendez-vous une semaine plus tard. Je leur ai lu. Je leur ai annoncé que je souhaitais prendre un temps sans leur présence dans ma vie. Je me suis levée. J’ai quitté la maison familiale. Et j’ai laissé, derrière moi, un énorme poids. Est-ce que ça ira mieux? Oui. Je ne sais pas quand j’irai mieux, mais j’ai la certitude d’avoir fait aujourd’hui un gros pas vers l’avant.
 

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