Aller au contenu
Les mots sont politiques, qu’on le veuille ou non
Crédit: Rawpixel.com/Shutterstock

Qu’on le veuille ou non, le choix des mots que l’on utilise est souvent politique : ils sont parfois teintés d’une histoire, de luttes ou peuvent même démontrer une insensibilité à certaines réalités. Le choix que l’on fait entre un mot ou un autre peut parfois indiquer une idée politique claire ou une ignorance vis-à-vis de certains domaines.

Dans le milieu féministe, j’ai appris que les mots qu'on emploie peuvent parfois participer à l’invisibilisation ou à la stigmatisation de certains groupes. C’est pourquoi il est important de comprendre ces enjeux et d'admettre qu'il est possible d'offenser quelqu'un en utilisant un terme qui nous semblait anodin. En résumé, il faut être à l'écoute des call-outs

Crédit : Giphy

 
Pas encore clair ce que je veux dire?
 
Prenons par exemple le mot prostitué.e versus travailleur.euse du sexe. Beaucoup de gens ignorent qu’il y a toute une portée idéologique derrière le choix de l’un ou l’autre des mots. Lorsque l’on aborde le sujet en parlant de travail du sexe, on reconnaît qu’il s’agit d’un métier légitime et qu’il peut s’agir d’un travail volontaire, contrairement à la croyance populaire où les femmes sont les victimes. Contrairement au terme prostitution ou prostitué.e qui sont plutôt déshumanisants et qui ne considèrent pas le travail du sexe comme un métier. Sans oublier qu’il y a souvent une connotation péjorative au terme prostitué.e, ce qui renforce le stigmate que vivent ces femmes.
 
D’autres choix de formulation, pourtant si subtils, peuvent représenter beaucoup pour certaines personne. Mon meilleur exemple est le fait de parler de « la femme » plutôt que « des femmes ». Dans l’histoire, différents groupes ont été invisiblisés ; les femmes l’ont été dans différents milieux que l’on réservait aux hommes par exemple, mais certaines femmes ont aussi été mises de côté même dans des mouvements exclusivement féminins. Ainsi, lorsque l’on parle de « la femme », on renforce l’idée d’un modèle unique et l’idée que le vécu des femmes est uniforme. D’autant plus que certains mouvements féministes mettent de l'avant une idée très hégémonique de la féminité, il est important de prendre en considération la diversité des femmes. Chaque femme est unique et vit des expériences qui lui sont propres, sans oublier que certaines d’entre elles vivent parfois des situations plus privilégiées ou d’autres oppressions que celle reliée au genre.

Là, on va régler une chose, une fois pour toute, le sexe et le genre ne réfèrent pas à la même chose et c’est important d’en saisir la différence. Le sexe fait référence à l’organe sexuel que la société a décidé de diviser en deux catégories, ce qu’on appelle la binarité. Ainsi, la majorité d’entre nous impose un genre à la naissance basé sur nos organes génitaux. Le genre, lui, fait plutôt référence à la performativité du sexe. Il est important de prendre conscience que le sexe ne définit pas nécessairement le genre! Eh non, vagin ne veut pas toujours dire femme et pénis ne veut pas toujours dire homme. Il est important de changer notre vision de ce qui « constitue » un « vrai » homme ou une « vraie » femme. Il est aussi important de voir au-delà de la binarité et de prendre en considération qu’il existe un spectre du genre qui regroupe de nombreuses identités. 
 
Mes exemples sont loin d’être exhaustifs et mes explications ne sont qu'un survol d'enjeux beaucoup plus complexes, mais il s’agit des petites choses qui m’irritent un peu au quotidien. Il n’y a rien de mal à se tromper, car c’est vrai que ce ne sont pas des sujets à propos desquels nous sommes sensibilisé.e.s.

La solution quand on se trompe? Être à l'écoute de ce que la personne nous dit et ne pas essayer de s'inventer des justifications, des excuses suffisent.
 
Quelles sont les petites choses qui vous accrochent dans la façon dont les gens parlent de certains sujets?
 

Plus de contenu