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Se réaliser ailleurs que dans le sport : pas une mince affaire!
Crédit: ThomasWolter/Pixabay

Le sport et moi faisons deux quatre. Je n'ai aucun intérêt pour ce dernier et je commence tout juste à l'assumer. Ce complexe date d'il y a longtemps. J'étais au primaire et je me faisais écœurer par mes collègues de classe parce que je n'arrivais pas à sprinter ou à faire une roulade qui a de l'allure. Je ne suis toujours pas capable au cas où vous vous le demandiez. Même ma prof d'éduc se foutait de ma gueule parce que je ne performais pas dans son cours de gymnastique.

Par bon vouloir, mes parents m'ont inscrite à une panoplie d'activités dont la danse, le patin, la balle-molle et la ringuette. Je n'avais pas la shape attendue d'une danseuse de ballet ni le coup de patin pour exceller sur la glace. J'étais bien bonne pour chanter les tounes sur le banc lors des parties de balle-molle par exemple, ce qui me valait le prix de la joueuse la plus enthousiaste chaque été. En fait, c'est le seul sport qui me plaît et auquel je joue encore. Cependant, quand j'affirme que je joue à la balle-molle dans une ligue amicale, je me fais discréditer sur-le-champ, car ce n'est pas un « vrai » sport aux yeux des gérants d'estrade de ce monde.

Crédit : stephvonrob/Instagram

J'étais et je suis toujours une personne qui est davantage attirée par les arts. Bien que je ne sois pas une artiste, je suis naturellement attirée par ces derniers. Ce constat est difficile à assumer quand nous n'avons pas de talent particulier. J'enviais ceux qui jouaient dans des équipes compétitives, qui partageaient des moments privilégiés avec leurs partenaires de jeu et qui étaient grandement valorisés par les autres. Le sport fait gagner des médailles, donne du prestige, des bourses et des p'tits fanions accrochés dans le gym pour honorer la victoire aux provinciaux de 2003.
Le sport ouvre des portes au CÉGEP et à l'Université, un sentiment d'appartenance que seuls les athlètes peuvent comprendre. Chaque goutte de leur sueur a bien plus de valeur que les miennes qui tombent sans que personne ne les célèbre. 

La société nous fait avaler de force cette hiérarchie injuste qu'est l'élitisme du sport face à tous les autres intérêts. La fièvre des séries, le mondial du soccer dans la p'tite Italie, le retour des Nordiques, les parties des Blue Jays une fois l'an au Stade et mon incompréhension absolue face au football américain > tout le reste. 

Donc si je résume, si je suis une femme, que je n'aime pas le sport et que je n'ai pas envie de me faire chier à aller au gym, comment puis-je me réaliser et avoir une certaine notoriété? Suis-je destinée à être la Jughead dans un monde d'Archies? Suis-je considérée comme une paresseuse? Si je passe mes soirées à jouer avec mes filles, préparer le souper, donner les bains, écouter Riverdale et écrire des articles, qu'y-a-t-il de moins bon que la personne (l'homme) qui est payé.e des millions pour jouer à un sport quelconque? Aujourd'hui je proclame que je n'aime pas le sport et que je n'aimerai probablement jamais ça et c'est bien correct comme ça! 

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