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« Baby-sitter », une pièce féministe vraie et comique qui soulève beaucoup de questions
Crédit: Théâtre La Licorne

Le 29 avril dernier, j’ai assisté à la représentation de Baby-sitter dans l’intimité absolue du Théâtre La Licorne. C’est une pièce sensible, drôle et intelligente, interprétée par une brochette de comédiens.iennes très talentueux.euses. L’auteure, Catherine Léger, a écrit cette pièce en réponse à des propos violents et sexistes qu’elle a vu passer sur son feed Facebook. Le résultat est poignant.

Cédric (David Boutin), papa d’une fille de 5 mois, est un employé d'Hydro-Québec qui se fait suspendre après avoir dit une blague sexiste qui fait le tour des interwebs. Avec l’aide de son frère journaliste (Steve Laplante), il écrit Sexist Story, un livre qui présente des lettres d’excuses à des femmes – célèbres ou non. Ce livre sert de rédemption à Cédric concernant l’insulte premièrement adressée à Chantal Machabée. Sa femme (Isabelle Brouillette), qui baigne dans une dépression qu’elle ne comprend et ne vit pas encore, tente de nager autour de Cédric et de son histoire typique de l’ère 2017. La baby-sitter Émy (Victoria Diamond), engagée par Cédric, vient brouiller les cartes des trois personnages et casse le quotidien de la famille en la bouleversant. D’ailleurs, ma collègue TPL Marie-Pier Tremblay a assisté à la lecture du texte avant sa représentation officielle et nous rend un beau résumé critique juste ici.


                                                                                             Crédit : Catherine Légaré
 
Il est difficile d’émettre une opinion sans spoiler quoi que se soit. La pièce est une réelle remise en question. Elle aborde des sujets qui sont non seulement d’actualité, mais qui nous portent aussi à réfléchir. Je me considère féministe. Féministe avouée, même. Sans gêne, sans peur, sans tabou, sans whatever.

Mais je me suis questionnée sur mes propres intentions durant la pièce.

J’admire les œuvres d’art qui appellent l’interlocuteur.trice. J’aime quand cet art me prend au dépourvu et m’amène dans des endroits où je ne m’y attendais pas. J’adore rire, me sentir mal à l’aise, rouler des yeux et sortir de ma zone de confort dans ce genre de représentation. Je suis reconnaissante lorsqu’on me demande de réfléchir et de réviser ma façon de voir le monde. On se rend parfois compte que l’on pourrait être plus ouvert.e que ce qu'on pense déjà être.

Catherine Léger a réussi à représenter la femme sous toutes ses facettes. Cette femme qui nage dans un monde d’hommes où on ne lui laisse pas assez sa place. Cette femme qui est souvent forcée à plaire à l’autre et qui malgré elle, transgresse ses propres valeurs, trop de fois. Cette femme qui est moi, vous, nous, tout le monde, en fait.
 
Entre l’humour, le malaise, la rédemption, le désespoir et l’amour ; Baby-sitter offre une réalité actuelle, crue et vivante. Je considère qu’elle est non seulement capable de rejoindre tout le monde, mais qu’elle est aussi apte à questionner le rapport entre les sexes et les genres.

Elle est, dans la pleine splendeur de son époque, une lumière qui provient d'une autre source qu’un écran de cell : la vérité.


                                                                  Crédit : Théâtre La Licorne

Baby-sitter est en supplémentaires jusqu'au 13 mai 2017, au Théâtre La Licorne.

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