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Serais-je moins une mère parce que je veux adopter?
Crédit: Radharani/Shutterstock

J’avais 15 ans la première fois que j’ai mentionné le fait que je désirais adopter un enfant quand je serais prête à être mère. Puis, souvent, on me disait que j’allais sûrement en vouloir un biologiquement, que c’était non seulement la chose normale à faire, mais surtout, à désirer.

Puis, vers l’âge adulte, des femmes autour de moi tombaient enceintes, et je les admirais. Je trouve cela magnifique la grossesse : le fait que le corps puisse créer un être vivant unique est un phénomène merveilleux. Par contre, autant que je trouve cela beau, j’ai réalisé que je n’avais pas envie de le vivre. Soudainement, les gens ont commencé à me dire que c’était de « ma génération », ne pas vouloir être mère. Alors, j’ai associé le tout au fait que je devais véritablement ne pas avoir le désir de devenir parent. Mon entourage n’a pas manqué de chances de me dire que j’étais égoïste ou que j’étais encore trop jeune pour réellement savoir.

C’est en vieillissant encore un peu, et en ayant la chance d’avoir un neveu de cœur, que j’ai découvert que j’avais une fibre maternelle, qu’éventuellement, je voudrais être maman à mon tour. Et pourtant, le désir de vivre une grossesse ne venait toujours pas. Je n’ai pas peur de la grossesse, je n’ai tout simplement pas envie de mettre un enfant au monde. Je préfère adopter et donner une famille à un.e enfant qui a eu moins de chance dans ses débuts et de relever ses défis avec lui/elle. J’ai donc appris à faire la paix avec mon choix et à définir ma maternité autrement qu’avec la grossesse.

Mon grand problème est au moment où j’en parle et qu’on me dit encore que c’est bien joli, mais que je devrais attendre, que je suis jeune, et que je vais vouloir un enfant biologique un jour. Est-ce qu’on peut arrêter d’invalider ce que les femmes veulent et de remettre en question leurs désirs? Depuis que j’ai 15 ans, je sais que c’est ce que je veux, je ne crois pas que cela va changer dans 10 ans. Puis, cela va de même pour celles.ceux qui ne veulent pas d’enfants : nous avons le droit de choisir, et ça ne regarde que nous.

Je ne suis pas moins une mère parce que je veux adopter. Je ne suis pas moins une mère parce que je n’ai pas envie de porter un être vivant en moi. Surtout, je ne serais pas moins une mère parce que je n’aurai pas porté mon enfant pendant neuf mois et souffert l’accouchement. Mon labeur va être différent, tout simplement : je vais attendre cet enfant aussi longtemps qu’il le faudra pour passer à travers le processus d’adoption. Et au moment où je serai prête à faire ce processus, je vais prier je ne sais qui tous les jours, jusqu’au moment où on nous remettra entre les mains la vie d’un.e petit.e humain.e. Et ensuite, je vais m’inquiéter tous les jours de son bien-être et de son bonheur, et plus encore. Alors, oui je serai une mère à part entière, avec un amour inconditionnel pour un enfant qui ne viendra pas de nous. Certes, je ne verrai aucun de mes traits physiques dans cet enfant, mais je vais y voir quelque chose de plus important : mes valeurs, mes enseignements, de l’amour et surtout l’une de mes plus grandes fiertés.

N.B. Je trouve honorable de respecter ses choix. Ainsi, que vous vouliez vivre une grossesse, adopter ou ne jamais avoir d’enfant, vous faites ce que vous voulez. Votre vie et votre corps vous appartiennent.

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