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Récit d’une fille ingrate : quand les rôles s’inversent
Crédit: Unsplash/Pixabay
Je pense que je suis une enfant ingrate.

Pour faire une histoire courte : quand mes parents se sont séparés, j'ai agi comme confidente auprès d'eux, parce qu'on a toujours été une famille très soudée. J'ai été compréhensive et patiente parce que chacun passait une mauvaise période. Les années ont passé, et mes parents ne sont toujours pas heureux. Malheureux au travail, dans leurs relations, dans leurs maisons, dans leur tête. De mon côté, j'ai déménagé, j'ai avancé dans ma vie professionnelle et personnelle, et je suis à plusieurs kilomètres d'eux.

Mais c'est un peu comme si je n'étais jamais partie, parce que je suis maintenant responsable d'eux et je dois jouer à la gardienne.

Je m'inquiète constamment pour eux. Est-ce qu'il a recommencé à faire du sport? Est-ce qu'elle fait attention à sa santé? Continue-t-il à prendre ses médicaments? Continue-t-elle à voir des amis ou elle s'est isolée? Dort-il bien? Va-t-elle voir son psy?

Comment puis-je m'investir dans ma vie, travailler pour bâtir ma carrière, considérer commencer une famille avec mon Monsieur alors que mon esprit est à des centaines de kilomètres plus loin. La charge mentale que cela représente est immense.

Et ils se relancent la balle, comme si c'était naturel ; « Tu devrais appeler ton père, il ne va pas bien » ; « Va donc aider ta mère à la maison pendant une fin de semaine, elle est débordée. » ; « Ton père se sent seul, tu devrais passer du temps avec lui. »

À quel moment suis-je devenue la personne responsable de ces deux adultes? À quel moment est-ce devenu ma tâche de m'assurer de leur bonheur et de leur bien-être? Je dois faire des mises au point régulièrement avec eux, faire du tough love lorsqu'ils ont des projets irréels et gérer leur santé mentale.

En étant la confidente désignée, je suis devenue responsable de deux grands enfants qui ne sont pas capables de réaliser ce qui est bon pour eux, de faire des choix rationnels et d'utiliser de l'aide professionnelle.

Mais quand je me dis que ce n'est pas à moi de faire ça, la culpabilité m'envahit. Je leur dois bien ça, après tout ce qu'ils ont fait pour moi, les années à m'éduquer, me donner tout ce qu'ils pouvaient. Je ne pensais pas avoir à m'occuper d'eux avant leur vieil âge, avant encore bien des années.

Suis-je une enfant ingrate si je préférais faire mes propres erreurs dans la vie plutôt que de toujours m'assurer qu'eux n'en fassent pas?

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