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« Some Hope for the Bastards » : un spectacle de danse corrosif à voir au FTA
Crédit: Stéphane Najman

Après le cégep, j’ai étudié en littérature à l’UdeM. Puis, je me suis rendu compte que j’étais particulièrement intéressée par la dramaturgie donc j’ai décidé de poursuivre en études théâtrales à l’UQÀM. Nul besoin de vous dire que mon esprit fonctionne avec les mots, la narration.

Pendant mon parcours universitaire, j’ai eu la chance de voir beaucoup de spectacles, mais je me souviens qu’au début de mon bac, j’étais très réfractaire à la danse contemporaine. C’est comme si je ne comprenais pas comment aborder une œuvre où on ne me parlait pas avec des mots. Je me sentais frustrée, j’avais souvent l’impression de passer à côté de quelque chose, de ne pas capter comment « recevoir » la danse…

Crédit : Giphy

En 2009, un peu par hasard, je suis allée voir un spectacle de danse : Gravel Works, du chorégraphe québécois Frédérick Gravel. Ce fut une révélation! Pendant le spectacle, Gravel s’adressait au public au micro (un élément récurrent dans ses spectacles), et il s’exprimait sur son œuvre pendant que celle-ci prenait forme sous les yeux du spectateur. Il expliquait notamment que la danse, ça interpelle parfois la tête, de manière plus cérébrale, le cœur, en faisant appel aux émotions, ou le sexe, comme métaphore de l’instinct. C’est là que j’ai compris que je n’avais pas besoin d’essayer de tout comprendre avec ma tête, d’intellectualiser à outrance. Je pouvais juste me laisser toucher par les images, le mouvement des corps et ressentir les choses au lieu de vouloir comprendre à tout prix.

Je dis souvent que Frédérick Gravel est celui qui m’a fait aimer la danse, c’est pourquoi je suis son travail avec beaucoup d’intérêt.

Crédit : Stéphane Najman

Hier, j’ai eu la chance de voir sa dernière création : Some hope for the Bastards, présentée deux soirs seulement au FTA.
Pendant 1 h 30, on assiste « à un concert chorégraphique à l’énergie corrosive ». Quand on entre dans la salle, les danseur.euse.s sont déjà sur scène. Peu à peu, leurs corps commencent à se mouvoir, comme une toile qui s’animerait devant nos yeux. Captivant! Puis, Gravel prend le micro, classique, et explique que lui et les interprètes ont créé deux débuts, alors ils.elles vont en proposer un deuxième. J’adore ce genre de décalage entre l’œuvre et la création. 

Crédit : Stéphane Najman​
 

Dans Some hope for the Bastards, Gravel s’imprègne de musique baroque, New Wave, post-punk et électro, interprétée par un band live dont il fait partie. À travers différents tableaux, le chorégraphe met en scène un groupe de 9 danseur.euse.s talentueu.ses.x pour représenter une collectivité en perte de repère, en quête de sens. On assiste parfois à des solos, des duos, mais aussi à des mouvements plus collectifs. Dans une ambiance de fête troublante, sombre, les corps des interprètes sont habités, possédés par des pulsations, des mouvements saccadés complètement hypnotisants. Gravel parle même de corps qui s’obstinent. Certains tableaux donnent une impression d’acharnement, desquels émerge une certaine violence, mais aussi beaucoup de poésie.

Que vous soyez amateur.trice.s de danse ou totalement néophytes, ce spectacle vaut clairement le détour.

Présenté jusqu’au 2 juin à la salle Ludger-Duvernay du Monument-National dans le cadre du FTA.
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