Aller au contenu
Féminisme Ink : Entrevue avec l’artiste tatoueuse montréalaise Sabrina Avakian
Crédit: Marjolaine David

Dans les semaines à venir, je vais vous présenter cinq artistes tatoueuses montréalaises. Pour la première, j'ai fait la rencontre pleine de fleurs, de baleines, d'ours et de montagnes de l'artiste Sabrina Avakian au Black Rose Tattoo Montreal.

Pourquoi se faire tatouer?
Le tatouage est un morceau d’art sur la peau. Je crois que le but est d’embellir un corps qui est déjà très beau. Il y a beaucoup d'empowerment à se faire tatouer!

Comment as-tu commencé à tatouer?
Je me faisais tatouer par Christina et j’ai eu un déclic : le tatouage, c’est un art qui vit. Aujourd’hui, j’ai réalisé plusieurs centaines de tatouages qui sont partout dans le monde. J’ai commencé mon apprentissage avec elle en mars 2016 et j’ai commencé à tatouer en septembre de la même année. En février, nous avons ouvert le Black Rose Tattoo sur Saint-Laurent.
 
Un tatouage qui t’as marquée…
Un de mes premiers tatouages, un ours avec un chapeau et des cônes de pin. C’était un croquis que j’avais fait par hasard et quelqu’un a voulu se le faire tatouer! Ce dessin, c'est une bonne réflexion de ma personne.
 


Crédit : sabootattoos/Instagram

 
Une expérience difficile de tatouage…
Dans mes débuts aussi… C’était une couronne de fleurs avec de l’encre de couleur. C’était très stressant et la peau était plus difficile à tatouer… Mais j’ai réussi.
 
Flashs ou customs?
Faire des commandes, c’est le fun parce que ça me donne des nouvelles idées. J’aime quand les gens laissent beaucoup d’espace à ma créativité. Les customs, ça permet aussi aux tatouages d’avoir un historique : parfois c’est pour un grand-père décédé ou pour embellir une cicatrice… Malgré tout, j’aime beaucoup faire des flashs. Mes dessins ne sont jamais forcés, ils sortent de ma tête… Je suis moins stressée quand il est temps de les tatouer ; ce sont mes lignes, mes idées. Les gens ne comprennent pas toujours le travail qui existe derrière une commande. Je peux faire un dessin plus de trente fois avant de l’envoyer. Parfois, on me demande tellement de changements que je préfère annuler… Alors que les flashs, ma clientèle les voient sur Instagram et sait que c’est ce que je dessinerai…

Quel est le processus pour se faire tatouer par toi?
J’aime recevoir des emails avec les détails du projet, ça me permet de décider si j’ai envie de le faire. J’ai deux journées de consultation par mois ; chaque rendez-vous est d’environ 30 minutes. On m’explique le tatouage, la grosseur et la partie du corps, puis on prend rendez-vous trois ou quatre semaines plus tard. Une semaine avant la date du tatouage, j’envoie le dessin et les gens me disent s’ils veulent des modifications…

As-tu déjà refusé de tatouer quelqu’un.e?
Je ne peux pas accepter tout le monde, je dois donc refuser des projets tous les jours. Certains projets m’intéressent moins que d’autres ; d’autres sont impossibles. Parfois, les modifications demandées après la réception du dessin sont trop importantes et je ne me sens plus connectée au projet.
 
Comment être féministe se traduit dans ton travail?
Beaucoup de gens me disent qu’ils préfèrent se faire tatouer par une femme parce que le processus est souvent plus chaleureux. Tous les tatouages que je fais sont uniques ; je veux rendre chaque expérience unique. Je tiens à ce que le processus reste positif. J’aime aussi dessiner des corps et des visages de femmes parce que c’est beau!
 


Crédit : sabootattoos/Instagram

 
Qu’est-ce que Black Rose Tattoo?
Dès que j’ai commencé mon apprentissage, Christina parlait d’ouvrir son propre salon. Nous sommes une équipe de trois tatoueuses avec Emily, bientôt quatre. Juste des filles! Des salons où propriétaire et employées sont des femmes, ça manque à Montréal. C’est vraiment le fun travailler avec elles, j’ai hâte que Sarah commence à tatouer! Le studio est calme et les gens se sentent à l’aise. Les salons peuvent parfois être très intimidants. J’espère que ça invitera plus de filles à se faire tatouer. Il y a encore beaucoup de préjugés envers les femmes tatouées. Pour plusieurs personnes, c’est correct pour un homme, mais pas pour une femme. Pourtant, elles représentent 85 % de ma clientèle.
 
Quelle est le lien entre l’empowerment et le tatouage?
Comme femmes, nous sommes souvent critiquées par rapport à notre corps. Il existe même des trends qui nous dictent comment devraient être modelés nos corps… Au contraire, les tatouages peuvent donner de la confiance. Ce sont des décisions prises pour soi-même… Plusieurs personnes me disent qu’elles vont oser mettre des shorts pour montrer leur nouveau tatouage!
 
Penses-tu que c’est plus difficile comme femme de réussir dans le monde du tatouage?
Je crois qu’il est difficile en général de percer dans ce milieu. Mon apprentissage a été facile puisque c’est Christina qui me l’a proposé. Par contre, c’est difficile en business d’être une femme, on se sent moins prise au sérieux. En plus d’être tatoueuse, il faut toujours se justifier. Les gens nous regardent de haut et pensent que ce qu’ils font est plus important.
 


Crédit : sabootattoos/Instagram

Pour suivre Sabrina sur les réseaux sociaux, c'est ici.

Plus de contenu