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Des commentaires sur l’apparence et le poids? Non merci, j’essaie d’arrêter!
Crédit: Brazzik/Shutterstock

La cause pour laquelle je milite le plus est la diversité corporelle : cela va de soi pour moi. Ces causes me sont intrinsèques, je ne peux m’en détacher. Elles font partie intégrante de qui je suis, et il n’existera jamais un jour où je ne tenterai pas de faire avancer la cause.

Il existe cependant quelque chose qui m’a frappée récemment, quelque chose qui semble hors de mon contrôle. Quelque chose qui touche la diversité corporelle, mais que je ne suis pas capable d’atteindre.
On tente depuis quelques années d’apprendre à des femmes et à des hommes à travers le globe à s’aimer, à aimer leur corps et à ne pas le trouver horrible, terme pourtant entendu répétitivement par certaines personnes pour décrire leur corps.

Mais on a oublié, peut-être, ou mis de côté le fait que c’est bien beau, apprendre à s’aimer soi-même, mais que tout ce beau travail peut être détruit en une fraction de seconde par un commentaire venant d’une autre personne. Et là, je ne parle pas nécessairement de commentaires visant une personne en particulier. Je m’explique.

Je suis à une table durant l’heure de lunch, et je discute avec plusieurs jeunes hommes que je connais plus ou moins. Parle, parle, jase, jase, on discute et on bifurque pour une raison dont j’ai peine à me rappeler sur les frères et sœur jumeaux. Mon doux que c’est parfois difficile de les distinguer, Bla Bla Bla, jusque-là, c’est très tolérable. Mais là, un des individus en question sort la phrase suivante : « Quand j’étais au secondaire, il y avait deux jumelles et elles étaient facilement distinguables parce qu’une était plus laide que l’autre ».

Ma face. Ô combien emplie de jugement. Il voit mon visage estomaqué. Il complète : « ben c’est vrai! Y’en avait une plus grosse que l’autre! ».

Mon cœur a sauté genre 94 tours. J’ai le réflexe de juste descendre mes yeux sur mon corps. Et de l’examiner quelques secondes. Pis de me demander si la gent masculine pense ça de moi quand ils me voient avec mes amies de filles qui font toutes du small (pur hasard). Ou quand je suis seule tout court. Êtes-vous en train de me dire que juste parce qu’une fille est plus ronde, elle est automatiquement laide et c’est un turn off? What?!

Avant qu’on me le dise, je sais bien que ce n’est pas tout le monde qui pense comme ça. Mais ça fait réfléchir en câline. Parce que c’est drôle, on n’entend jamais quelqu’un dire : « Ouain entre les deux, c’est elle, la moins belle, c’est sûr, 'est mince! »

PIS POURTANT LES DEUX NE DEVRAIENT MÊME PAS SE DIRE. Mais c’est le fait qu’on associe de facto une taille avec la beauté, comme s’il existait des combinaisons incompatibles.

Un autre jour, je suis avec mes amis gars, ils jasent de filles et ils se partagent leurs préférences personnelles : lesquels sont plus fesses, lesquels sont plus seins (gros sujet de discussion qui va faire avancer l’humanité). Et là, ça commente, ça débat, certains disent qu’une fille pas de sein, ça les attire pas pantoute, d’autres disent qu’au contraire, ça prend des grosses fesses comme head start. Et moi j’suis à côté, à me demander pourquoi j’assiste encore à ce genre de conversation qui vous démolit une estime de soi comme pas possible.

J’suis ronde, ET j’ai peu de fesses! WHAT WILL I DO?!

C’est ce que je veux dire, par commentaires indirects. Ces commentaires sur le poids ou l’apparence des autres qui font mal par ricochet. Et je sais, certains me diront que les intentions derrière les propos mentionnés n’étaient pas mauvaises, et aucun mal n’était souhaité à quiconque. Peut-être. Mais cela témoigne tout de même d’une mentalité qui, malgré toutes nos belles années de travail, est restée.

Ne pensez pas qu’une personne à côté qui ne prend pas activement part à la conversation n’est pas touchée par ce que vous dites. Ne pensez pas que cela ne fera pas écho dans sa tête. Ne pensez pas que ces commentaires sont complètement innocents. Ceux-ci participent également à la construction d’idéaux de beauté irréalistes pour beaucoup.

 Et c’est en cessant d’en demander autant des autres que nous pourrons être plus indulgent.e.s envers nous-mêmes. 

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