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La massothérapie inclusive, ou le selfcare pour tous et toutes!
Crédit: Microgen/Shutterstock

C’est par hasard sur Facebook que je suis tombée sur la description des services de Mat Lucy Massothérapie. Comme bien des gens, mon expérience de la massothérapie se résume à quelques séances en institut de spa. Je n’ai jamais vu un.e thérapeute plus d’une fois et mon besoin était toujours une détente momentanée pour profiter d’une petite journée en mode selfcare.

Sauf que ma définition de celui-ci s’est radicalement transformée dernièrement. Elle est passée d’un truc en surface à un sentiment profond. Le selfcare est devenu un état dans lequel je cherche à cultiver quotidiennement mon bien-être en étant connectée avec mes besoins et émotions. Ça m’aura pris un arrêt maladie de six mois pour en arriver là, avec tout ce que ça implique comme struggle et étapes pour retrouver l’envie d’exister. #LolPasLolPantoute.  

La relation de massothérapie en est une… de thérapie (c’est écrit dedans), et même si notre besoin peut se résumer à se détendre en buvant des mimosas quelque part sur le bord d’un ruisseau en Estrie, il peut aussi s’étendre au-delà de ça. Dans mon cas, ce besoin s’étend à une volonté de me réapproprier mon corps. Mon corps qui fut le théâtre de violences, qui parfois venaient de moi (Coucou trouble du comportement alimentaire, on parle de toi), parfois d’autrui (#TeamSurvivor). Ce corps qui m’est parfois apparu comme étranger et duquel je me suis déconnectée, sans même le savoir, pour me protéger longtemps. Ce corps que je ne comprends pas toujours et que j’ai du mal à mettre en adéquation avec ce qui semble être attendu de lui.

J’ai un bien long bout de chemin de fait dans cette réappropriation de mon corps par d’autres formes de thérapie. La bonne nouvelle, c’est que je n’ai jamais été aussi bien que maintenant avec moi-même. Ce qui ne veut pas dire que ce processus de réappropriation est terminé, mais plutôt qu’il est rendu assez loin pour que j’aie laissé aller certains mécanismes de défense qui m’habitaient, ce qui me permet de travailler sur ce que j’ai longtemps conservé à l’abri sous cette carapace.

Je connaissais Lucy grâce à la magie des interweb. Quelques ami.e.s virtuel.les en commun et un intérêt partagé pour certains enjeux sociaux m’ont permis de voir son travail militant. C’est comme ça que l’annonce et la description de ses services de massothérapie ont poppé dans mon newsfeed facebookien. Et la lecture de ces quelques phrases m’a juste pognée au cœur :

« Mon approche est inclusive avec un souci particulier pour personnes trans, non-binaire, genderqueer, en situation d’oppression ou d’exclusion sociale, neuroatypiques, souffrant de trouble anxieux ou en choc post-traumatique. »

Ça peut sembler simple pour toute personne qui ne se reconnaît aucunement dans cette description, mais imaginez un instant vivre l’une de ces situations dans un contexte de massothérapie. Parce qu’une relation de thérapie, c’est quelque chose d’intime et de proximal, sans même aucun rapport avec le corps. Évidemment, dans ce cas-ci, la thérapie prend en effet forme par le corps, mais elle va au-delà de ça, elle vise à travailler en plus des muscles et articulations tout un sous-bassement émotionnel qui s’exprime dans le corps.

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai personnellement jamais été à l’aise d’arriver chez un.e masso en lui partageant les anxiétés qui m’habitent, mon état de santé mentale, mes rapports possiblement conflictuels avec la nourriture, l’intimité, mon identité, mon expression de genre, name it! Bref, cette description m’a donné le sentiment qu’avec Lucy, ce serait possible, en plus de son travail militant qui me laissait constater que nous avions maintes valeurs en commun. J’étais instantanément à l’aise à l’idée de la rencontrer et j’avais envie de faire connaître au monde entier — … ou minimalement à la grande région de Montréal, mettons — ses offres de services qui peuvent s’avérer révolutionnaires pour tellement d’humain.e.s.  

Le massage en soi est celui qui, à ce jour, m’aura le plus marqué. Clairement habile dans son métier, le rythme qui est le sien est apaisant. Dans mes mots, je dirais que ça enlève le rush au-dedans de moi, permettant à la grande anxieuse analytique que je suis de ralentir son intérieur. Je n’ai que des bons mots à partager à propos de ma visite dans ses locaux. Tel que mentionné, je sentais déjà avoir des points en commun avec elle, mais cette rencontre a confirmé mes impressions. Je me suis sentie accueillie et prise en considération dans les besoins ou les craintes que j’avais ou aurais pu avoir à exprimer.

C’était libérateur de partager lors de l’entrevue d’accueil certaines de mes réflexions quant à mon identité en sachant que ce serait reçu par une personne qui a une compréhension de ces réalités, faisant en sorte qu’il ne fut pas nécessaire de se perdre en questions et en détails. Lorsque je lui ai nommé ma réalité avec le trouble de l’attention, qui est un nouveau diagnostic dans ma vie, elle savait de quoi je parlais. C’était simple. Et la simplicité est un privilège dont ne disposent pas en général celles et ceux en situation d’exclusion sociale, qui n’entrent pas dans le modèle vu comme « neutre », celles et ceux qui doivent constamment éduquer et s’expliquer. Ça crée une lourdeur et l’approche inclusive, doublé d’une empathie manifeste, allège cette charge mentale que portent les personnes en situation d’oppression et d’exclusion.

Je suis sortie de ce moment avec une sensation de bien-être, additionnée d’une étrange vulnérabilité saine et assumée, fière et chamboulée par la satisfaction d’avoir enfin réussi à reconnecter le cordon de mon cœur. 

Dans une volonté d'inclusion, toutes personnes Trans ou personnes Queer recevant les services de Mat Lucy Massothérapie ont la possibilité de payer ce qu'illes peuvent. Il est possible de prendre rendez-vous en ligne et des reçus d'assurance peuvent être émis. 

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