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Toutes les choses que j’aurais pu faire au lieu d’essayer de contrôler mon poids
Crédit: Christopher Sardegna/Unsplash

On dit souvent qu’il faut toujours regarder vers l’avant, ne pas s’apitoyer sur le passé. Bref, move on après une épreuve. Ça peut convenir à certaines personnes, mais d’autres fois, repenser à mon expérience m’aide à passer au travers de nouvelles épreuves.
 
Par exemple, quand je pense à toutes les choses que j’aurais pu faire au lieu d’essayer de contrôler mon poids et mon apparence physique pour me conformer aux normes de beauté, je suis vraiment fâchée. Je me dis qu'il y a tellement de choses que chaque personne de ce monde aurait pu faire au lieu de passer des heures à se basher. Ça me rend pissed off, mais ça m'aide. Ça m’aide surtout quand je vis des moments d’insatisfaction corporelle, car ça me rappelle que je vis dans une société vraiment problématique. Que ce n’est pas moi le problème. Ça m’aide à move on.

Crédit : Giphy

Je ne veux pas réduire ici la difficulté de se sortir du cycle infernal des régimes, de la restriction ou de troubles alimentaires, mais j'aimerais seulement vous faire part d’une perspective qui m’a aidée à me sentir plus libre de mes actions.

Cette idée de réfléchir à tout ce que les femmes auraient pu accomplir si elles n’avaient pas été manipulées par cet idéal de minceur ne m’est pas venue toute seule. Je l’ai entendue en écoutant des podcasts et en lisant des œuvres féministes. Dans son livre, The Beauty Myth, Naomi Wolfe écrit « Une culture obsédée par la minceur des femmes n’est pas centrée sur la beauté des femmes, mais sur leur obéissance. Le régime représente le sédatif politique le plus puissant de l’histoire des femmes ; une population vivant une folie silencieuse en devient docile. » (traduction libre) #TonPetitFéminisme

Crédit : Lady Powaa/Pinterest

 
J’ai compris à l’âge de 9 ans que mon corps était trop gros et donc pas acceptable. Mon premier régime a eu lieu peu après : j’ai essayé d’arrêter de manger. Ça a duré quelques heures, puis j’ai flanché. Pour la première fois, j’ai ressenti la honte d’avoir échoué à contrôler mon appétit. Honte que j’ai ressentie maintes et maintes fois par la suite. Ce fut le début de ma carrière de régimeuse.
Je rêvais de modeler mon corps comme de la pâte à modeler.

En grandissant, mon corps est devenu un projet. Certains passaient des heures à jouer au piano, moi je passais des heures à réfléchir au prochain régime que j’essaierais, ce que je mangerais et combien de kilos je perdrais en combien de temps. Quand j’ai commencé à aller au gym, c’était tout d’abord pour travailler sur mon corps, ce projet personnel. Le tout est arrivé à son point culminant quand j’ai commencé mes études en nutrition : ce projet est devenu le seul et l’unique. Sans avoir été diagnostiquée, je crois bien être glissée dans un pattern de trouble alimentaire.
 
La réalisation d'avoir gaspillé tant d’énergie sur un projet tellement nocif et la colère qui s’en est suivie a été essentielles à ma guérison. C’est cette frustration qui me pousse à rejeter les standards de beauté qu’on m’impose, à investir mon temps dans les choses qui me font grandir et à militer pour le changement.
 
Aujourd’hui il m’arrive de passer devant un miroir, d’y voir ma réflexion et d’avoir la seule et unique pensée suivante : « On s’en criss. » Pis ça mes amis, c’est crissement libérateur.

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