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Quand la peur fait de nous une personne rigide
Crédit: Engin_Akyurt/Pixabay

Dans les dernières semaines, des gens de mon entourage semblent s'être entendus (sans se consulter, c'est sûrement les astres qui s'alignent) pour me répéter la chose suivante : Clara, t'es rigide. Ou plate. Ou stuck-up. Vous voyez le genre.

Ces gens qui me font ce genre de commentaires sont des proches, alors c'est toujours fait sous le couvert de l'humour et de l'amour. Je sais qu'on me fait ces commentaires en riant parce que cette rigidité est quelque chose qui fait partie de moi et qu'il est facile de pointer du doigt. Je ne défends bien sûr pas l'intimidation, mais je sais que pour ces gens, c'est davantage une manière de me taquiner que de me blesser. Il n'en reste pas moins qu'à la longue, ça a fini par m'affecter. Mais, parce que dans chaque petite blague il y a souvent un fond de vérité, ça m’a aussi forcée à me questionner et peut-être même à évoluer. 
 
Je comprends les raisons qui poussent mes proches à me faire ce genre de commentaires. Je sais que mon comportement, déguisé par une volonté constante de rendre les gens heureux et de les protéger, est parfois excessif. Si vous partez en bateau sans gilet de sauvetage, je vais instantanément vous imaginer au fond du lac et je ne vous laisserai pas quitter la berge. Si vous fumez une cigarette, je vais tout de suite penser au cancer que vous pourriez développer et vous en parler. Si vous planifiez une activité qui n'est pas sécuritaire, je vais vous sortir la liste des règlements municipaux. Si vous quittez la maison sans votre téléphone cellulaire, je suis persuadée qu'un accident va se produire #SuperLogique. Toujours des « si ». Alors dans le doute, dans l'inquiétude que quelque chose arrive, je me restreins, et pire, je restreins ceux que j'aime. Je préfère prévenir que guérir. Je suis une femme qui regarde les gens wild de loin. 
 
Vous devinerez que ce comportement découle de quelque chose d'un peu plus profond. Je suis une personne anxieuse. Très. Comme beaucoup d'êtres humains, j'ai des hauts et des bas, des moments de sérénité et de panique totale. Ces moments, je les vis avec peut-être plus d'intensité que d'autres. Au fil du temps cette angoisse qui m'habite et me définit a souvent créé quelque chose d'encore plus sournois chez moi : la peur.

Dans mes réflexions des derniers jours, j'ai donc réalisé que cette peur est pas mal à la base de ma prétendue rigidité. J'ai tellement peur de déplaire, de vivre du rejet, de me faire chicaner, de perdre des gens que j'aime ou même de mourir, que je tente de tout contrôler. 

Et à cause de cette peur envahissante, je m'exclus des groupes, j'angoisse si je ne suis pas assez bonne, je vois toujours la catastrophe avant le bénéfice, je n'ose rien, bref, je ne suis pas plus sereine.

Je pense que je ne serai jamais la fille qui va sauter en parachute ou qui va se coucher en laissant la vaisselle sur le comptoir au cas ou une colonie d'insectes se développerait dans mon chaudron de spagat. Mais je pense qu'en ce moment, alors que la vie me pousse à vivre plein d'incertitudes et à côtoyer des gens qui eux se jettent dans le vide sans réfléchir, je dois, pour ma santé et la leur, oser lâcher prise. Je dois prendre soin de moi et comprendre que, même si ça a l'air cliché, nous n’avançons pas beaucoup dans la vie quand la peur nous ralentit.

Je vais donc commencer tranquillement à laisser les choses aller, genre en laissant mon chum faire exploser des feux d'artifice illégalement dans une cour à scrap #JokePasJoke. Je vais aussi essayer de faire, une fois par jour (ou par semaine, parce qu'une fois par jour ça me fait peur lol) quelque chose que je n'aurais pas osé faire avant. Par exemple, faire une nuit blanche même si je dois me lever tôt #SuchTeenager ou me baigner dans un lac ou il y a peut-être des sangsues. Carpe diem comme dirait mon chéri.

Ces choses peuvent paraître vraiment anodines pour plusieurs, mais pour moi, c'est gros, alors je vais vivre le moment présent, sans anticiper et en me fixant des objectifs réalistes. Parce que si je me mets à anticiper, je vais avoir peur, pis si j'ai peur, je ferai pas grand-chose. 

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