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J’ai le « droit » de boire à nouveau et ça me fait peur
Crédit: Brad Neathery/Unsplash

Je l’ai dit, j’ai changé de médicament pour essayer de ne pas retomber en dépression récemment. Ça fait plus d’un mois que je suis sur le Cipralex. Avec ce changement viennent des nouvelles indications et des nouvelles contre-indications. Je suis toujours aussi sensible au soleil et ma peau fait un peu des free-games, passant de grasse à sèche aléatoirement. J’ai aussi, accessoirement, le droit de recommencer à boire. Après deux ans et demi à ne jamais boire d’alcool, disons que j’ai peur de recommencer.
 
Je peux enfin me tremper les lèvres quand j’en ai envie, mais est-ce que j’ai vraiment le goût de le faire? Je ne sais pas.
 
C’est qu’avec la pression sociale, j’ai l’impression que je pourrais retomber dans des habitudes de marde bien assez vite. Et avec mon historique familial, la bouteille, c’est un sujet plus sensible.
 
Ça fait un mois que j’ai le droit de boire, mais je ne l’ai pas encore fait. J’ai trempé mes lèvres au resto, j’ai bu une gorgée de bière pour voir la réaction d’une amie à un lancement, mais je n’ai pas encore bu un verre et je ne sais pas si je vais le faire ni quand je vais me donner le droit de prendre plus qu’une gorgée pour y goûter.
 
D’une part, je n’ai pas envie d’avoir les effets secondaires de prendre des verres. J’ai envie que mon cerveau fonctionne du mieux qu’il peut pour aller mieux. Plus encore, j’ai peur de retomber dans les diktats de la société, car disons que j’ai plus d’occasions qu’il n’en faut pour boire un peu tout le temps. Des lancements, des apéros, des 5 à 7 et la vie en général fait qu’on m’offre souvent de l’alcool et que c’est facile de boire, même sur la job.
 
D’autre part, j’ai peur des effets. Est-ce que je vais reprendre le goût de boire souvent? Est-ce que je vais vouloir boire un verre après une grosse journée quand les enfants sont tannants? J’ai, pour toutes sortes de raisons, pas envie de tomber dans ce pattern et ne pas avoir de limite. Alors je me tiens encore à l’eau et je ne bois pas vraiment.
 
Je sens que si j’ouvre la valve, on va m’en proposer tout le temps. Déjà que j’ai parlé de long en large de ma non-consommation et qu’on m’invite encore souvent à prendre un verre ou à goûter à un cépage, j’ai du mal à croire qu’on me laissera faire mes choix sans insister, car je perds l’excuse de ne pas pouvoir boire, qui venait avec le bénéfice de ne pas avoir à me poser de questions.
 
Mais j’ai le droit.
 
Alors, je vais continuer de me garder la bouche sèche à défaut de faire cul sec et je prendrai bien le temps de choisir si je veux boire ou non de l’alcool, le temps d'essayer de me sortir du mieux que je peux de la dépression.
 
Ça prendra le temps que ça prendra.

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