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Je travaille auprès d’hommes ayant agressé sexuellement des enfants
Crédit: Tatiana Lapina/Unsplash

Je suis sexologue et psychothérapeute, et je m’intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin à la sexualité humaine (aucune surprise ici, vu mon métier). C’est passionnant. La sexualité, c’est beau et c’est positif dans la majorité des cas. Malheureusement, la sexualité c’est parfois moins beau.

Là se cachent les paraphilies, qui sont des déviances sexuelles (para- = à côté de et –philie = amour). Ce sont donc des gens qui ont des intérêts sexuels en dehors de la « norme ». Eh oui, je viens d’écrire ce mot que les sexologues détestent tant et qu’ils snobent la plupart du temps : norme, normal, normalité, moyenne. Mais bon, dans le contexte qui nous intéresse actuellement, je me dois de l’employer.

Certains apprécient les fétiches divers ou s’excitent sexuellement avec le sado-masochisme, pour ne nommer que celles-ci. Cela devient un problème lorsque l’objet d’intérêt est humain et n’est pas consentant comme dans le cas de la pédophilie. Habituellement, on porte un intérêt pour des personnes de notre âge lorsque nous sommes adolescents, puis cet intérêt évolue en même temps que nous. L’adulte s’intéresse donc à un autre adulte, peu importe la différence d’âge entre les personnes, l’important est d'être adulte.
 
L’an dernier, j’ai trouvé un emploi où je peux utiliser mon titre de sexologue et pratiquer la
psychothérapie. Donc, vraiment exploiter mes compétences. Le revers de la médaille, c’est que je travaille avec des hommes qui ont commis des actes répréhensibles. Oui, 100 % des gens que j’aide chaque jour ont commis un délit à caractère sexuel envers des jeunes, ou ont des intérêts sexuels pour les enfants ou les adolescents. Je ne possédais pas d’expérience avec cette clientèle, mais on m’a laissé ma chance et je détenais déjà le côté académique appris à l’université. J’avais envie de travailler avec ces hommes pour me perfectionner et pour aider les gens. Quand on aide des hommes qui commettent des agressions sexuelles, on aide également des victimes potentielles à ne pas subir une agression sexuelle, car on travaille la prévention de la récidive de différentes manières. Pour celles ou ceux qui me jugeraient, je voudrais dire qu'il est primordial d’agir à la source pour protéger les personnes mineures.
 
Dans mon entourage, les réactions par rapport à mon travail sont variées. Des gens me jugent comme si je cautionnais les actions de mes clients ou comme si j’avais choisi mon team. Bien que cette réaction puisse se défendre, elle est très loin d’exprimer la réalité (la mienne en tout cas). J’aide d’abord l’humain en détresse, car, si ces hommes avaient le choix, ils préféreraient ne pas être attirés par des enfants (du moins, la majorité d’entre eux).
 
Or, bien que peu glamour, cette clientèle m’a énormément appris. Premièrement, les raisons qui poussent ces hommes à agir ainsi sont multiples. Mais le facteur commun que j’ai rencontré parmi eux ces derniers est la grande détresse intérieure qu’ils vivent. Certains ont commis une erreur sous l’influence d’une substance, alors que d’autres sont des pédophiles primaires, c'est-à-dire qui ne portent d’intérêt que pour une personne d’âge mineur. Mais quand je travaille avec eux, je trouve des enfances brisées, de la violence, de la négligence, des agressions sexuelles, de l’abandon et j’en passe…
 
Pour les victimes d’agression.s sexuelle.s, plusieurs ressources sont disponibles pour leur venir en aide et elles sont là pour qu’on s’en serve (CAVAC, IVAC, CALACS, etc.). Lorsque la personne veut simplement en parler, elle le peut. Lorsqu’elle souhaite poursuivre son agresseur, elle recevra également de l’aide.

Il y a également des ressources pour les personnes, hommes et femmes (car j’ai aussi des clientes), qui ont commis des agressions sexuelles sur des personnes d’âge mineur ou qui regardent de la pornographie juvénile, ou qui ont des fantasmes sexuels dirigés vers les enfants.

On peut se renseigner, et, à travers le Québec, plusieurs organismes communautaires offrent du soutien ou de la thérapie pour les aider. Donc, pas d’hésitation ; on communique. Les professionnel.le.s ne jugent pas et font leur maximum pour aider les victimes comme les agresseurs.

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