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Ode au caca : scatologie décomplexée et concerto pour flatulence
Crédit: Alexas Fotos/Pixabay

Une fois, alors que j’étais au travail, complètement crevée (mais crevée-comique, pas trop crevée-irritable), mon boss me demande : « Sais-tu comment faire pour savoir si ton chum t’aime vraiment? », ce à quoi j’ai répondu du tac au tac : « Tu lui pètes sur la tête? ». S’ensuit l’hilarité générale, mais en fait, j’étais quand même (un peu) sérieuse.

Je suis scatologue (à ne pas confondre avec scatophile, quoique #NoKinkShame), c'est-à-dire que j’ai un amour ludique et assumé pour tout ce qui entoure la fécalité, passant du caca le plus simple au pet le plus odorant. Pour moi, les crottes et les gaz ont quelque chose de très intime. Mais il ne s’agit pas nécessairement d’une intimité qu’il faut cacher à tout prix, comme nous le martèle souvent la société. Et là, je ne parle même pas de la pression supplémentaire imposée aux personnes féminines, parce que c’est bien connu, les filles, ça chie juste des fleurs et des arcs-en-ciel. Les pets de Sophie sont inodores et insonores, ou alors inexistants.

Pourtant, la merde, en parler sous toutes ses formes, c’est plutôt amusant! Et puis, il y a aussi quelque chose de profondément libérateur dans le fait de pouvoir discuter de sa diarrhée post-fondue au fromage avec ta meilleure amie.

Crédit : Giphy

Personnellement, je ne peux pas être en couple avec quelqu’un qui n’accepte pas mes pets. Le caca, ça peut se gérer (quoique c’est vraiment plus drôle de pouvoir gueuler, entre deux épisodes d’une série Netflix, « JE VAIS FAIRE CACA! », et d’ensuite parler de la forme inusitée de sa crotte). Je me garde tout de même une petite gêne lors des premières dates, qui sont souvent synonymes de maux de ventre atroces ne cessant que lorsque j’arrive enfin chez moi et que je peux péter à tout vent #SeeWhatIDidThere. Quand on me donne enfin le « ok », je me lâche sans retenue, en riant à gorge déployée de mes plus grosses pétarades du radiateur postérieur (oui, j’ai 4 ans).

Et c’est exactement pareil pour mes ami.e.s. En fait, mes meilleur.e.s ami.e.s sont celleux avec qui je parle couramment de mes petits tas bruns. Ce sont aussi celleux chez qui je pète allégrement (ou celleux SUR qui je pète huhuhu). Et puis, que ce soit d’avoir à se retenir alors qu’on a « le cigare au bord des lèvres » en hurlant « ÇA POUSSE! » jusqu’aux histoires de vol de literie suite à une explosion accidentelle dans le lit d’un amant aux pratiques sexuelles moins conventionnelles, nos anecdotes les plus drôles sont évidemment liées à ce sujet.

Ailleurs dans le monde, la merde n’est pas toujours vue comme cette chose indigne qu’il ne faut pas nommer ni voir. En fait, dans certains pays d’Asie, ça fait partie de certaines conversations usuelles sur la santé. Il y a ce café en Corée que je souhaite ardemment visiter, appelé « Ddong cafe » (littéralement « Caca café »), où l’on boit dans des mini cuvettes et où l’on mange des biscuits-crottes. Heureusement pour moi, il y en a un à Toronto!

Périodiquement, je rêve d’avoir un.e ami.e à qui je pourrais envoyer mes Poop pics les plus belles, car honnêtement, l’anus n’est rien de moins qu’un artiste. Et puis, le côté créatif en moi (ou l’enfant qui est encore dans sa phase anale en moi) fantasme aussi de prendre ses matières fécales pour en faire des sculptures. Vous ne croyez pas que ça doit être profondément jubilatoire de se mettre les deux mains dans la merde (à défaut d’y mettre les pieds)?

Crédit : Giphy

Il y a même certains jours où aller faire caca est le meilleur moment de ma journée. Par moment, quand je m’exécute les sphincters anaux et qu’enfin, ma crotte est expulsée hors de mon corps, j’ai l’impression que les pores de ma tête laissent échapper le trop-plein d’idées de mon cerveau. C’est une sorte de fuzzy feeling d’évacuation. Cela coïncide quelquefois avec des éclairs de génie eurêka-esques. Pas étonnant que jadis, on croyait que l’anus était le siège de l’âme. Peut-être bien qu’on fait sortir plus que le « méchant » finalement. Ainsi, est-ce que les pets sont de petits fantômes? Avouez que ce serait encore PLUS amusant (non, je ne viens pas de penser nommer chacune de mes flatulences à l’avenir)!

Je souhaite vraiment que l’on s’applique à se décomplexer à l’égard de nos défécations. Ce serait meilleur pour notre santé mentale (et physique). Imaginez pouvoir péter librement au travail, dans le transport en commun, dans l'ascenseur! Imaginez ne pas avoir à être terrorisé.e de faire caca chez nos ami.e.s, chez notre amant.e ou dans les toilettes publiques! Notre péteux s’en porterait tellement mieux, et on pourrait rire grassement de nos inconforts intestinaux communs dans la joie et l’allégresse. Merde, le bonheur quoi!

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