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Parce que ça commence aussi dans les écoles de théâtre – Collaboration spéciale
Crédit: Felix Mooneeram/Unsplash

Vous savez, le rêve de devenir acteur.trice passe souvent par l'audition ultime pour être accepté.e dans une des écoles de théâtre au Québec. Déjà vous êtes un choix subjectif, car vous avez 10 minutes pour démontrer votre talent et ces 10 minutes servent aussi à évaluer votre casting. Vous voulez tellement être pris.e pour réaliser votre rêve.

Vous êtes à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte habituellement, donc vous n'êtes pas la personne la plus solide au monde. Vous êtes à une étape où vous créez votre personnalité, où les limites ne sont pas encore toutes établies. Vous êtes vulnérable même si vous ne voulez surtout pas l'admettre.

Un jour, vous recevez une lettre qui confirme votre admission, vous volez, littéralement. Parce que maintenant il ne vous reste qu'à faire vos preuves pour rester, tout est entre vos mains. Mais dans certaines écoles, il y a des renvois dès la première année…

Dès le départ, on apprend que notre corps est notre outil de travail, qu'on peut le modeler, qu'on ne doit pas avoir trop de pudeur, que c'est juste une enveloppe. Déjà, avec mes yeux d'adulte, ce concept clochait.

OK pour l'outil de travail, mais c'était quand même bien mon corps et j'avais le droit de pas être game à 100 % de tout faire et tout vivre. Mais t'sais, tu veux pas être out à la fin de l'année, fack tu suis la game. Tu vis des trucs dans le jeu qui peuvent être délicats, mais bon, c'est des profs et tu es là pour apprendre, non? Ton corps, c'est ton outil de travail. Faut se le rappeler chaque fois, t'sais, c'est normal un prof qui te place sur scène en te replaçant le bassin et qui te donne une claque sur les fesses pour te dire go vas-y… Mais tu dis rien, tu veux pas être dans les renvois…

Y'a aussi le prof d'un cours théorique qui, pendant un exercice de groupe, vient te faire un massage un peu pas mal taponneux et qui lance à la blague que s'il enseignait ailleurs, il recevrait un grief pour faire ça! J'aurais dû lui répondre que mon corps était le même qu'une fille en sciences pures et qu'il avait pas à me toucher…

Mais tu dis rien, tu veux pas être dans les renvois…

Y'a ce même prof qui, un soir de party, t'apostrophe dans un corridor seule et qui flirte beaucoup trop. Ce moment où tu sens la panique monter en toi. Quand même ton corps réagit, mais que t'arrives pas à faire un move. Quand ta gang finit par venir te chercher et te sauve de cette situation, et que tu es soulagée. Mais que tu décides de pas en reparler, tu veux pas être dans les renvois…

Mais après, tu comprends vite que le prof a pas trop aimé ce refus, parce que tu passes de winner à loser dans son cours.

Quand, à la fin de l'année, tu es finalement renvoyée et que personne comprend pourquoi. Que ton estime de toi a disparu, que tes repères sont complètement chamboulés… l'histoire ne dira jamais la vraie raison du renvoi, mais disons qu'il est certain que je n'ai pas eu le vote de ce professeur.

Et si présentement les écoles de théâtre fermaient les yeux sur des agissements et des principes d'enseignement qui poussent un paquet de gens à nier et à accepter l'inacceptable pour ne pas être rejetés?

Parce que ça peut aussi commencer dans les écoles de théâtre,

#MoiAussi.

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