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La grande opération : un nouveau départ – 4ème partie
Crédit: Jennifer Burk/Unsplash

Il y a un peu plus de six mois, je passais sous le bistouri pour subir une dérivation gastrique, une chirurgie bariatrique. Bien que pratiquée depuis plus de quarante ans, elle demeure un acte médical méconnu qui vient avec son lot de préjugés. 

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Avec le recul, ce que je trouve le plus difficile d’avoir subi une chirurgie bariatrique, c’est le regard des autres. Ma psychologue m’y avait préparée, mais étant une personne privée de nature, le regard curieux, insistant, les questions indiscrètes, les commentaires déplacés, c’est pénible.
 
Des exemples? Me faire demander par le gardien de sécurité au bureau, en plein milieu du hall bondé « Heille! T’as ben maigri, t’as perdu combien? » C’est juste non. En fait, ce magic number, je ne le dis à personne sauf lorsque c’est médicalement pertinent. Autrement, ça relève du voyeurisme et comme c’est le seul bout « visible » que je peux garder privé, j’y tiens.
 
Me faire demander avec insistance, parfois avec envie « Qu’est-ce t’as fait!? C’est quoi ton secret? » par des gens pas si proches, ça me met mal à l’aise. Parce que mon problème de poids n’est qu’un élément d’un problème plus vaste, intime, que je tente toujours de maîtriser avec mes médecins.
 
Depuis quelques semaines, j’ai aussi droit à des commentaires du genre « Va falloir que t’arrêtes, tu t’en viens trop maigre! » Comme quoi, #LesGens ont toujours quelque chose à dire sur l’apparence des autres.
 
Je suis aussi un peu inconfortable de me faire féliciter. Qu'on me félicite pour ma persévérance, mes efforts, soit. Mais pour le résultat, je suis mal à l'aise. Je sais que ça part d’une bonne intention, mais la vérité, c’est que je n’ai pas changé grand-chose dans mes habitudes de vie. J’étais active, je le suis davantage parce que j’ai plus d’énergie, mais je ne faisais pas moins d’effort lorsque j’étais obèse, au contraire, sauf que mes efforts ne paraissaient physiquement. Aussi, si on traite la perte de poids comme un accomplissement, ça veut dire qu’en prendre est un échec?

Deux poids, deux mesures
Autre constat, à quel point les gens en général traitent différemment les personnes obèses des personnes de poids moyen. C’est fou. Je remarque que je reçois un meilleur service à peu près partout. Plus de sourires aussi, ce que je trouve désolant lorsque ça vient de personnes que je côtoie depuis des années, au bureau, par exemple.
 
Je sais aussi que le plus difficile reste à venir. Je suis chanceuse, je n’ai pas eu de complications majeures ni physiques ni psychologiques, mais maintenir ma perte de poids sera difficile. J’essaie de ne pas sombrer dans des habitudes malsaines, je guette les signaux de troubles alimentaires, mais pour moi, m’alimenter vient avec certaines inquiétudes. Je consulte une psychologue pour m'aider dans tout ça.
 
L’opération est loin d’être une baguette magique, c’est un outil qui m’aide à retrouver ma santé physique, mais qui aide beaucoup ma santé mentale aussi. Mon anxiété a diminué énormément maintenant que mes hormones se calment tranquillement. Je sais qu’on remarque surtout la transformation physique, mais pour moi, le plus grand bénéfice est entre mes deux oreilles.

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