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Ton Petit Look a 7 ans : du fait d’être des femmes et d’être sur Internet
Crédit: Lancement du site de TPL - Bruno Guerin

Blogueuse mode. Hahaha. Comme c’est drôle. Ça fait 7 ans qu’on rigole de comment je me définis. J’ai pas envie de me laisser abattre par des sourires en coin, des pensées qu’on est moins : moins valide, moins intelligente, moins importante et moins capables de comprendre le sens de la vie. Ça fait 7 ans que des personnes nous imitent ou imitent nos amies pour rire.

Juste ça, ça peut donner envie à des personnes d’arrêter de faire quelque chose. Pour vrai, vivre constamment dans le regard des gens et être représenté.e comme une sous marde, c’est sûr que c’est fatiguant.

Mais, c’est pas plus ou pas moins fatigant que toutes les fois où on a rigolé de nous et qu’on nous a demandé de nous suicider, genre « si t'es pas contente de tel truc, rends-nous service et tue-toi », le genre de commentaire qu'on a effacé des centaines de fois depuis qu’on gère des pages Facebook.

On s’est souvent demandé si on avait pas couru après. À quoi doit-on s’attendre quand on demande l’égalité des femmes et qu’on veut en plus jaser de guenilles et de maquillage? On peut demander quoi, sauf peut-être un minimum de respect, han? C’est pas comme si on imposait nos idées. On réfléchit tout haut sur des sujets comme tellement d’autres personnes le font. Les textes publiés font partie d’un processus, il sont lus et relus avant d’être mis en ligne.

C’est comme si être une fille sur Internet, c’était ne pas avoir le droit à l’erreur. C’est comme si chaque fois qu’on disait « Oups. Ça c’est poche quand ça arrive », on nous attendait avec une brique et un fanal pour nous dire que c’est donc bien niaiseux avoir des ressentis et exprimer des malaises.

On aurait pu, cent fois plutôt qu’une, être beaucoup plus radicales. En ramasser plus d’un et d’une avec des textes vraiment plus méchants. Mais non. On lève des flags. Et parfois, c’est plate d’apprendre qu’on a des attitudes qui sont blessantes ou qui ne passent pas — parlez-en à tous les tickets de stationnements que j’ai eus dans ma vie parce que j'ignorais tel ou tel règlement — mais reste que pour nous, ça toujours été une méthode pour survivre. Pour être entendues. C’est sûr que ça passe toujours mieux quand c’est un homme blanc cis qui le dit.

Dans la vie, ma voix porte pas. J’ai beau parler, lever la main, les gens entendent pas ma voix. Quand j’essaie d’avoir de l’eau au restaurant, je dois m’assurer de croiser le regard de la personne qui fait le service pour qu’elle puisse savoir que j’ai besoin de plus d’eau. Par contre, sur Internet, je sais que ma voix porte. Je l’utilise pas pour n’importe quoi, mais je me fais un devoir de porter les idées des personnes incroyables qui m’entourent, de mettre de l’avant leur perspective, surtout si c'est pour faire changer les choses.

Je le dis souvent, j’ai la personnalité d’une personne qui aime se battre. J’ai appris à prouver le contraire même si ça implique de travailler encore plus fort. J’ai appris à montrer que ce qu’on fait ici, c’est pas de la marde et que le but de ce que l’on fait est aussi valide que n’importe quoi d’autre. Et si on tente de diminuer ma valeur, celle de mon travail, celle de notre travail et de notre blogue, je sais que c’est parce que ça fait peur. Autant de succès, de gens qui nous lisent et d’idées qu’on est capables de pousser. Et ça, moi pis mes girls, on va continuer de le faire encore et encore jusqu’à ce que le monde change pour de vrai.

Ça aura pris 7 ans, mais je pense qu’on vit vraiment une période de grands changements. Et je suis contente de pouvoir en garder les traces sur notre site.

Mais eille, haha, BLOGUEUSE DE GUENILLES!

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