Jouer à la mère avec son père ; l’histoire d’une relation toxique

Le mot « relation » est fort pour qualifier la relation que j'ai avec mon géniteur. On and Off, instable, drainante, exigeante et toxique seraient de bien meilleurs qualificatifs. Il n'était pas là pendant un bout, il est revenu quand son autre est partie. Il cherchait une épaule sur laquelle pleurer, il cherchait l'épaule qu'il avait lui-même délaissée. Au moment où je remontais, il retontissait juste à temps pour me recaler. Il déversait sa peine et ses angoisses dans ma vulnérabilité. Des qu'il se refaisait, il me jetait à nouveau, comme un déchet. 

Après des heures de thérapies, j'ai décidé de tirer la plogue pour me refaire une fondation, pour mettre toute mon énergie sur les miens qui méritaient toute mon attention. Après quelques années dans le silence, il est revenu. Comme si rien n'était arrivé, il est réapparu. J'avais maintenant des enfants et je ne voulais pas les brîmer d'un grand-père. J'ai pensé aux autres. Comme tout cycle de violence, c'était la lune de miel. Il était présent, il m'appelait, il se confiait. Mes épaules qui s'étaient solidifiées avec les années recommençaient à s'effriter. Les textos de détresse, les problèmes financiers, les secrets qu'il me demandait de garder. Le coeur sur la main et l'absence de raison ; je n'arrivais pas à lui dire non. 

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Un beau matin, j'ai réalisé que j'étais écoeurée de jouer à la mère avec celui qui a failli à son rôle de père. Des enfants, j'en ai eu deux. Je me suis battue toute ma vie contre les dommages collatéraux de l'abandon. Le manque de confiance, la peur du rejet, les mécanismes de défense et la façade de brique que j'avais bâtie pour me protéger d'autrui ; pour me protéger de lui. Encore une fois, il se fie sur moi. La seule différence c'est qu'aujourd'hui, je ne suis plus là. Je réponds à ses messages de façon brève et impersonnelle, la porte n'est pas fermée mais disons que l'ouverture est assez p'tite pour ne pas trop le laisser entrer.