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La libârté d’expression affronte le militantisme vertueux
Crédit: Mike Wilson/Unsplash

Depuis que j’écris pour TPL, j’ai pu rencontrer des personnes magnifiques autant en dedans qu’en dehors. J’ai aussi pu prendre conscience de plusieurs luttes sociales profondément importantes et en apprendre énormément sur ces dernières. Dernièrement, il m’arrive de me demander si ces luttes ne servent pas plutôt de concours de qui offre la meilleure cyber-performance
 
Tantôt, les un.e.s se proclament défenseur.e.s de la liberté d’expression, tantôt les autres se tuent à pointer du doigt les gens problématiques. C’est totalement légitime de vouloir se faire entendre et faire respecter des causes qui nous tiennent à cœur, mais si personne n’ouvre ses oreilles, à quoi ça sert de crier encore plus fort? Est-ce qu’un tel dialogue de sourds nous permettra d’avancer dans une direction commune ou plutôt de creuser davantage le fossé entre deux idéologies qui ne veulent pas coexister?
 
Même surtout au sein du militantisme, chacun.e semble se battre corps et âme pour faire valoir sa valeur en tant que bon.ne être-humain.e déconstruit.e de tout privilège. Privilège, parlons-en, des privilèges! Un mot qui semble surtout servir de porte-étendard pour pointer les mauvais.e.s militant.e.s du doigt ou les méchantes personnes problématiques plutôt que de faire avancer quoi que ce soit. Un mot qui n’en a que faire de la détresse psychologique ou des ressources individuelles (financières, éducationnelles, psychologiques, cognitives, etc.). Google is free they say
 
On pourrait me dire que le mot privilège est d’une grande utilité et je serais d'accord. Il sert à expliquer des dynamiques de hiérarchie sociale dont nous ne sommes pas toujours conscient.e.s. Ce qui me rebute, c’est plutôt l’utilisation que certaines personnes en font pour dénoncer haut et fort les non-déconstruit.e.s ou pour servir leur intérêt personnel en faisant briller leur militantisme de mille feux… C'est rarement les gens directement touchés par la cause en question qui agissent de la sorte, donc je me demande bien c’est qui qui invisibilise qui, han?!

Crédit : Giphy

En prenant contact avec certains espaces dits safe, j’ai aussi pu rencontrer un haut niveau de détresse. De l’épuisement, de l’anxiété, en voulez-vous, en v’là! Je vois des gens se brûler à force de s’impliquer dans des débats de société sur Internet. Des débats nécessaires, certes. Je vois des gens devoir prendre des périodes de repos, forcées ou non, parce qu’iels n’ont pas l’énergie de gérer les torrents de commentaires et de chicanes de claviers.
 
Le problème avec les chicanes de claviers sur Internet, c’est qu’elles ne prennent jamais fin. Internet ne va pas se coucher ni ne part en vacances… On peut voir deux clans aux idées relativement opposées qui en viennent à radicaliser leurs opinions de part et d’autre et finissent par s’envoyer chier. Personne ne comprend et ne veut se donner la peine de comprendre le vécu de l'autre. Des attaques personnelles, des procès d’intentions inutiles ou des commentaires interminables pour répéter dix fois pullulent les feeds.
 
Chacun.e répète sa vision des choses et veut absolument faire entendre son vécu personnel, son opinion et ses limites, mais personne ne tend l’oreille… Personne ne tente de se placer à la place de l’autre afin de percevoir quel serait le chemin vers un terrain d’entente qui permettrait de faire évoluer la cause ou le débat en question. Un débat est censé être un dialogue et non pas une pluie d’insultes motivées par un narcissisme épidémique. Il me semble! Quelques centaines de commentaires plus tard, on est encore à la case départ. 

Crédit : Giphy
 

L'objectif est-il vraiment de changer les mentalités, rendu-là?
Serait-ce possible de prendre un petit moment de recul avant de sauter sur le clavier, pour soi, pour les autres et pour la cause à laquelle on tient? Serait-ce possible de faire l’effort de se mettre à la place des autres, sans s'exiger la réussite à tout prix, ou de se retirer si cela est trop demandant émotionnellement?
 
Ce serait bien de commencer à appliquer les principes de self-care et de charge mentale qu’on crie à tout vent!

Practice what you’ve preach, c’est quand même un bon point de départ…

Crédit : Giphy
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