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Continuer de vivre même si ma mère va mourir
Crédit: Tess/Unsplash

Depuis que ma mère a reçu un diagnostic de cancer, il y a deux ans et demi, je vis entre le moment présent et un futur qui me terrorise. Le problème avec le cancer qu’elle a, c’est qu’on a beau le retirer par opération ou en l’irradiant, il a tendance à revenir très vite. Puis, on arrive vite au bout des différentes options de traitements. On nous avait dit que le décès survenait habituellement dans les 12 à 16 mois après le diagnostic. Je me compte chanceuse que ma mère soit toujours en vie aujourd’hui. En deux ans et demi, j’ai fini mes études, j’ai travaillé, j’ai voyagé… mais toujours avec une épée de Damoclès qui pendait au-dessus de ma tête, ou plutôt de mon coeur.

Quand je suis dans le moment présent, j'essaie de vivre ma vie comme tout le monde. Je fais des plans pour le futur. J’aime être bien organisée. Sauf que la maladie de ma mère teinte toutes mes décisions. Est-ce qu’elle sera toujours en vie? Dans quel état? Ce sont des questions que je me pose souvent et auxquelles personne ne peut répondre, même pas ses médecins. Je dirais que la plus grande douleur vient de là. Ne pas savoir et devoir continuer malgré tout. Espérer pour le mieux et lâcher prise. Pour une personne anxieuse comme moi, on peut dire que c’est extrêmement difficile.

La plus grosse décision que j’aie prise dans tout ça a été de déménager à quelques heures de Montréal afin de débuter une maîtrise. J’ai longtemps hésité à le faire. Surtout après avoir appris la rechute de ma mère il y a quelques mois. Ma maîtrise est un rêve que je caresse depuis longtemps et mon déménagement était motivé par le désir de travailler avec une chercheure qui œuvre exactement dans le domaine qui me passionne. Malgré tout, j’étais prête à tout laisser tomber quand j’ai appris la rechute de ma mère. Contrairement à ce que bien des gens pourraient penser, elle ne m’a pas exactement encouragée à partir malgré sa rechute. Elle m’a dit avec sincérité que son seul désir était que nous passions du temps ensemble. Nous avons d’abord parlé de repousser mes plans, mais après de longues conversations avec mes proches, et surtout avec moi-même, j’ai compris qu’en restant à Montréal, je finirai par déprimer. J’aurais eu à me trouver une autre direction « en attendant ».

En attendant le décès de ma mère.

Cela pourrait se passer dans 3 mois comme dans 10 mois comme dans 3 ans. Et entre temps, ben il faut qu’on vive. Pour vivre, j’ai décidé de me donner la permission de vivre mon aventure tout en faisant tous les arrangements possibles pour voir ma mère plusieurs fois par semaine. J’ai eu de la chance, mes arrangements fonctionnent bien jusqu’à maintenant. Puis, je sais que quand le moment viendra, je mettrai mes projets sur hold. Sauf qu’on n'en est pas là.

Alors je continue, malgré tout.
 
 

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