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District 31, stéréotypes et autres préjugés pas vraiment #MeToo
Crédit: Ditrcit31/Facebook

NDLR : Le texte est une collaboration spéciale d'une lectrice. Il reflète l'opinion personnelle de l'auteure et a été écrit avant les polémiques entourant l'article du Journal de Montréal. 

Je suis une de ces personnes qui écoutent (#bingewatch) la série District 31. La complicité entre les personnages et les histoires d’amour (#NadineEtPatrickForever) en font un cocktail télé savoureux! Sauf que, malgré tout l’amour que je peux vouer à la série, plusieurs situations m’ont dérangée. J’essaierai donc de vous expliquer ce qui m’a fait juste un p’tit peu moins aimer District 31.  

Premièrement, pendant la saison 1, une fille porte des accusations d’agression sexuelle contre un joueur de hockey. La victime nous apprendra plus tard que ce n’était qu’un coup monté de sa part. Pour moi, cette histoire renforce la croyance selon laquelle la réputation de l’accusé sera entachée. Or, les accusations d’agression sexuelle sont pratiquement toujours fondées. En effet, selon le regroupement des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), « le pourcentage de fausses accusations en rapport avec tous les crimes est de 2 %, et aucune raison ne permet de conclure à un plus fort taux en matière d’agression sexuelle » (http://www.rqcalacs.qc.ca/mythes-realites.php). C’est assez choquant qu’une émission si populaire perpétue ce genre de préjugés.

Ensuite, le personnage de Geneviève Allaire fait son entrée. C’est une femme très sûre d’elle, mais son comportement face au cher Stéphane Pouliot agace. À une certaine occasion, la détective Allaire laisse tomber un commentaire digne des plus grands mononcles au sujet du postérieur de Pouliot. Ensuite, le lieutenant les réunit, car Dallaire fait l’objet d’une plainte pour harcèlement sexuel et sa seule conséquence est un souper avec Stéphane… En plus de ridiculiser le harcèlement sexuel d’une femme envers un homme (existe, ne fait pas partie d’un système d’oppression), on banalise complètement le harcèlement sexuel en milieu de travail.

La prochaine situation est l’histoire de l’enlèvement de Manuel (enfant en famille d’accueil). La famille le garde depuis sa naissance, mais son père biologique souhaite ravoir sa garde. La mère d’accueil décide donc de quitter la maison avec l’enfant. Son mari, Abdel Assad se présente au poste pour rapporter cette disparition. Soudainement, le père biologique décède et la femme d’Assad revient parce qu’ils n’ont plus à craindre de perdre la garde… Ils gardent l’enfant malgré tout, mais quelques épisodes plus tard, la femme d’Assad revient au poste pour rapporter l’enlèvement de Manuel par Assad lui-même. Ce dernier a laissé une lettre disant qu’il souhaitait retourner dans son pays… Les auteurs ont encore choisi de jouer avec les peurs des gens afin de générer l’intérêt. Mais, ce n’est pas tout, car quand y’a UN personnage arabe, il faut du terrorisme!

Plus tard, quelqu’un appelle au poste pour annoncer que des gens sont armés, qu’ils sont à une telle adresse et qu’ils prévoient un carnage à 11 h le lendemain matin. Les policiers du district réussissent à stopper l’attaque. Ce que l’enquête nous apprend, c’est que les trois jeunes hommes (arabes, évidemment) agissaient pour Daesch. MAIS, le plus important, c’est que leur soutien financier était… Abdel Assad! Faque, les seules personnes arabes qu’on a pu voir dans District 31 étaient des terroristes, criminels et voleurs d’enfants.

La dernière histoire concerne une situation de violence conjugale. Une dame vient dénoncer son mari qui l’aurait battue. Le mari nie tout et la dépeint comme une menteuse dérangée. Le mari affirme qu’elle s’est elle-même infligé ces blessures parce qu’il refuse de signer des papiers de divorce qui lui permettraient d’avoir la moitié des biens de l’homme et de retourner dans son pays. La détective Isabelle Roy ne croit pas la version du mari (avec raison). Mais, turns out qu’il disait vrai et que sa femme demandait à un des membres de sa famille de la frapper pour paraître battue par son mari. Donc, les auteurs viennent renforcer des préjugés hyper problématiques sur la violence conjugale.

C’est réellement déplorable qu’une série télé créée dans les contextes sociaux de #MeToo et du racisme grandissant tente maladroitement de surfer sur ces enjeux. Les auteurs tombent dans la facilité en confortant les préjugés. Maintenant que la troisième saison est commencée, j’espère que les auteurs remettront en question les virages narratifs qu’ils ont tendance à emprunter.

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