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Ton petit look a 8 ans, vive Ton petit look!
Crédit: The Sleep Shirt

C’est drôle plus les années passent moins j’ai de choses à dire, sauf merci de nous lire et de nous voir grandir. Il y a 8 ans, on mettait Ton petit look au monde avec la volonté de dire les vraies affaires — même des trucs durs à entendre — de rester franches et authentiques, tout en gardant notre sarcasme, nos jokes et en utilisant nos connaissances dans le domaine de la mode pour parler de plein d’autres choses.

Je venais de commencer la maîtrise en communication. Carolane était en gestion industrielle après avoir perdu sa job d’acheteuse à cause de la crise économique de 2009. Marie Darsigny, avec qui on formait un drôle de trio, venait de quitter sa job chez Hollywood PQ pour travailler dans une agence de mannequins. On avait 24 ans, on se pensait les reines du monde (à Montréal du moins et dans les bars) et on considérait qu’on méritait d’être lues par beaucoup de monde, parce que c’était le fun ce qu’on avait à dire.

À partir du moment où tu te lances sur Internet, il y a du beau et du moins beau.

Le vrai beau, c’est d’avoir rencontré mes amies les plus chères souvent grâce au blogue. Des amies blogueuses, des amies collègues puis juste des amies. Des gens qui m’ont plus souvent qu’autrement aidée, d’autres à qui on a sauvé la vie. D’autres personnes que non, et finalement, c’est ben correct. Il y a eu du pas beau aussi, c’est ça, la vie. Des gens qui nous ont fait du mal, pas mal. Des jaloux, des personnes que je déteste maintenant, des opportunistes, des menteuses, des gens qui prenaient plaisir à nous rappeler qu’on n’était pas assez. Du monde qui rigole de nous, qui nous trouve pas assez intelligentes, qui pense que leur savoir vaut plus que le nôtre, qui dévalue notre travail en riant de nous. CHAQUE. SEMAINE. De commentaires méchants sur notre santé mentale, notre apparence. La jumelle moche, la jumelle folle. L’empire des Stratis. Des groupes Facebook contre nous. J’aimerais full exagérer, mais celles qui sont là depuis le début le savent ben que non, on n’exagère malheureusement pas. Qu’il y a des limites à se faire menacer de viol, de se faire traiter publiquement d’épaisses et tout le reste que je n’ai pas envie de dire ici.

C’est pas facile être des femmes sur Internet et de grandir dans l’oeil des gens qui attendent juste que tu te plantes pour te donner leur coup de pelle.

Sauf qu’on est encore là. Comment on fait? Je ne le sais pas. On continue parce que c’est la seule chose qui nous motive à nous lever chaque matin, nous rappeler qu’on a bâti quelque chose en 8 ans à faire baver d’envie des personnes pas mal plus toute que nous. Avec plus de moyens. Avec plus de monde. Mais non. Le coeur de Ton petit look a toujours battu au rythme de trois personnes (et d’une quatrième depuis un an). On a continué de se relever les manches quand on a appris que le blogue avait été vendu, qu’on n’avait rien de celui-ci sauf un contrat, quand on a été vendues ensuite avec notre section à une autre entreprise. On a continué quand on se faisait dire qu’on devait notre succès à un paquet d’autre monde sauf nous quand on faisait 80 heures par semaine, quand j’ai écrit 7 articles avant de sortir un humain de mon vagin. Quand on allait à des événements avec deux heures de sommeil à payer une gardienne avec notre maigre salaire pour faire notre job sans déranger. Quand on n’a jamais eu la sécurité d’un salaire stable en 8 ans. Quand on perd des sous avec les pubs sur nos sites. Quand on se fait dire que faire de la pub sur nos sites, c’est mal, alors que c’est pour vivre et payer des salaires. On est encore là.

Et on nous demande encore si on va faire autre chose un jour. On pense encore qu’on est moins importantes que ben d’autres médias. On pense encore des fois qu’on fait des affaires juste pour avoir du stock gratuit.

Mais ça pour de vrai, qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu’on a ouvert des portes à bien du monde. Qu’on a référé un paquet de personnes dans des jobs payantes parce qu’on les aimait profondément. Qu’on a travaillé pour pallier à toute, surtout le travail bénévole de nos awesome collaboratrices sans jamais chialer, sans jamais rien dire parce que c’était notre choix de faire ça et « you ‘got to do what you ‘got to do ». Pis comme c’est vraiment le fun de voir où sont rendues des personnes qui ont écrit pour nous un ou deux cents textes, pour la plupart en tout cas. C’est fou ce qu’on a réussi à faire, des fois en travaillant tous ensemble à 23h le soir parce qu’on avait une belle idée. C’est fou de voir qu’on est encore là, parmi peu de blogueur.se.s qui ont commencé à ce moment-là à faire ce qu’on fait, sans avoir changé de nom ou rien d’autre.

Et si ça ne paraît pas, je suis vraiment fière de ce qu’on a fait ensemble. Nos deux livres best-seller « étonnement bien écrit ». On a passé au travers de tellement de choses Carolane et moi dans les 8 dernières années sans baisser les bras ; des grèves étudiantes, des avortements, des grossesses, des études, le divorce de nos parents, arrêter de leur parler, reparler à notre mère, couper les ponts avec un paquet de gens toxiques, des diagnostics en santé mentale, des pilules, des problèmes d’alcool, des menaces de viol, de mort, de se faire battre dans la rue, des personnes qui reconnaissent notre adresse, des problèmes de sommeil, des problèmes de couple, une meilleure amie qui déménage à l'autre bout du pays, des chicanes intenses, un bouledogue qui meurt, un divorce de jumelles, une tentative de suicide, des chars qui gossent, des gens qui nous volent, les esti d’impôts de marde, accoucher dans une salle de bain, déménager, acheter un condo, voyager, brailler plus qu’à notre tour.

Mais je le dis souvent, je sais pas si on serait vivantes sans ça. Ça nous a sauvées, Ton petit look, ça nous a appris à pas lâcher, à aller chercher l’aide dont on a besoin pour devenir des meilleures personnes, des gestionnaires.

Tout ça pour dire merci. Merci de nous lire et d’être encore là. Merci par vos clics et votre engagement à nous avoir permis de créer une job dans le cluster fuck de 2010 où on nous disait qu’on n’avait pas d’avenir. Merci à nos clients, toutes ces belles brands, de nous faire confiance Et comme je le répète toujours, petit train va loin. On sait pas mal plus qu’on peut le penser qu’on a fait des grandes choses et vous n’êtes pas prêt.e.s pour toutes les autres affaires qu’on prépare.

Parce qu’il y a quand même quelque chose de satisfaisant de montrer aux gens qu’ils ont tord en ayant du succès avec tout ce qu’on crée. Je dis ça, je dis rien.

Merci Pauline (Catherine dans la dernière année), Laïma et toutes nos centaines de collaboratrices pour tout ce que vous avez fait AVEC nous. Goulet, Théo, Audrey aussi parce que vous savez comment vous avez été notre rock pendant des années. Comment on a essayé de vous donner plus en prenant moins. C'est une chance de traverser des centaines de tempêtes avec un équipage aussi nice que le vôtre. Ben quoi, fallait ben que je fasse une petite image marine han! 

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