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Mon suivi à l’institut universitaire en santé mentale Douglas : Ode à ma thérapeute
Crédit: Hai Phung/Unslash

Depuis quelques années, je considère avoir une vie assez mouvementée, et ce, particulièrement les derniers mois. J'ai été aspirée par le tourbillon des événements se succédant à une vitesse folle : la fin du secondaire, ma préparation pour l'université, l'annulation de celle-ci et le début de mes traitements pour trouble alimentaire, les programmes de jour et les programmes externes, mon réel départ pour l'université à la fin août dernier, puis mon retour à la maison. Bref, toute une panoplie de rebondissements qui, je dois l'admettre, m'ont quelque peu essoufflée. 

Maintenant, novembre 2018, une autre étape : la fin de mon suivi à l'institut universitaire en santé mentale Douglas. La fin de ma thérapie individuelle, la fermeture de mon dossier. 

Il y a 15 mois et bientôt 21 jours, j'entamais à l'aveugle ce qui s'avère être le combat d'une vie, c'est-à-dire me battre contre les pensées constantes de la maladie ainsi que les comportements pathologiques qui en découlent. Lorsque j'ai débuté mes traitements à la clinique, j'avais cette pensée magique selon laquelle je serais guérie pour le temps des fêtes que je serais 100% disposée à étudier à la session suivante (hiver 2018). Erreur. Guérir d'une maladie aussi sournoise ne se fait malheureusement pas en l'espace de quelques semaines. 

Or, durant ces mois de traitements intensifs, à travers les thérapies de groupe, les repas loin d'être gastronomiques, les desserts à l'allure parfois gargantuesque, les discussions avec l'équipe de professionnels, j'ai appris beaucoup plus que je n'aurais pu me l'imaginer. Plusieurs personnes que j'ai côtoyées pendant cette période de travail intense sur moi-même m'ont dit avoir remarqué un immense changement entre mon entrée en thérapie et maintenant. Je suis fière de dire qu'en effet, j'ai challengé plein de mes comportements, j'ai restructuré, ou du moins questionné, plusieurs de mes pensées et j'ai osé prendre des risques. Je suis fière, oui, mais aussi reconnaissante d'avoir été si bien accompagnée. 

Mercredi le 21 novembre. La date finale, alias la date du dernier rendez-vous avec ma thérapeute. Cette femme qui me connaît maintenant par coeur, qui a accueilli mes pleurs, mes paniques, mes moments d'euphorie et mes grandes détresses. Une psychologue qui a su gagner mon entière confiance (ce qui est, soit dit en passant, une tâche quasi impossible), qui a cru en moi quand je ne voulais qu'abandonner et qui m'a écoutée pendant des heures, parfois triste, parfois pleine d'espoir, parfois révoltée. Elle m'a permis de mieux me comprendre ainsi que la manière dont je fonctionne et mes réactions, de mieux saisir l'origine de mon trouble alimentaire et de travailler sur celui-ci. 

Enfin, pour reprendre l'exemple qu'une autre intervenante nous avait déjà donné lors d'une thérapie de groupe, se rétablir d'un trouble alimentaire, c'est comme courir un marathon, mais sans arrêt. Terminer de courir 21 km et penser que l'on a une pause, mais c'est l'heure de la collation du matin, donc un autre 10 km, puis le dîner et ainsi de suite. Jour après jour. Être à bout de souffle et épuisé.e. 

C'est long, c'est difficile et malheureusement, ce n'est pas fini. Mais, aussi quétaine cela puisse paraître, ça fait du bien, t'sais, quelqu'un qui nous tend une bouteille d'eau de temps en temps ou encore qui coure avec nous quelques kilomètres en nous abritant d'un parapluie quand le ciel pleure. On court quand même, mais soudain, tout devient un petit peu moins pénible. 

Alors pour cela, je la remercie du fond du coeur. Merci à elle de ne pas s'être simplement assise dans les gradins en attendant impatiemment que ça finisse. Merci à elle pour les bouteilles d'eau, les encouragements et le parapluie. 

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