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Cessons de vivre dans l’urgence de la prochaine étape
Crédit: Sean Thomas/Unsplash

Nous voilà en 2019, l’année où aura lieu mon conventum, événement que j’ai toujours drôlement attendu. 10 années se sont écoulées et ce qui me surprend le plus c'est de voir à quel point j'ai évolué. J’anticipais le moment de retrouvailles, comme pour exposer ma réussite aux autres. Je me retrouve aujourd’hui à un point tout à fait surprenant de ma vie, où j’ai complètement dévié de cette belle ligne droite que je croyais que serait ma vie adulte. J’ai passé ma jeunesse à vivre une anticipation chronique du futur, à toujours penser à la prochaine étape de ma vie, comme si celle que j’étais en train de vivre n’était pas importante, seulement temporaire.

Je reconnais cette façon d’être qui avant m’habitait, qui m’habite encore aujourd’hui parfois, le sentiment d’urgence de la prochaine étape, d’être constamment en attente, comme je le reconnais dans beaucoup de gens de mon âge. Mais au fait, c’est quoi la prochaine étape? C’est la suite logique des événements. Un discours qu’on entend dès la tendre enfance, sur les étapes à franchir dans la vie, sur le chemin qu’on doit emprunter. Va à l'école et tu auras un métier. Aie un métier et tu auras de l'argent. Aie de l'argent et tu seras heureux. Oui, c'est beau tout ça, mais est-ce vraiment représentatif de ce qu'est le bonheur?

Je trouve qu'on exagère toute cette idée de chemin idéal de la vie. On va se le dire, il n'y en a pas de chemin idéal. Un diplôme universitaire ne nous garantit plus un emploi sûr de nos jours. Mais surtout, ce n’est pas grave si l'on dévie un peu de la route toute tracée de petite vie accomplie. Je me sens accomplie, là, dans le moment présent. N'est-ce pas assez? Et puis je vais l'avouer, non ma vie n'est pas celle que je croyais avoir aujourd'hui. Je croyais avoir un métier confortable, être à l'aise financièrement. Ce n'est pas le cas. Je ne pleure pas pour autant. J'ai fait des choix et je ne les regrette pas.

Ce n'est pas grave de ne pas suivre le chemin tout tracé qu'on avait fait pour nous, surtout celui que les autres ont fait pour nous. C'est correct d'être heureux.se dans le moment présent, parce qu'on oublie souvent qu'il existe, le présent. Avons-nous vraiment envie de nous réveiller dans 30 ans pour réaliser qu'on a un emploi qu'on déteste et qu'on a raté toutes les chances parce qu'on a passé notre temps à attendre la prochaine étape, la retraite? Eh bien moi j'ai décidé que non. J'ai décidé d'arrêter de me sentir coupable de faire ce que je fais, de ne pas avoir une fortune dans mon compte en banque, de ne pas prévoir dans quoi j'étudierai pour rattraper le temps « perdu ».

Je suis heureuse de constater aujourd'hui, 10 ans après avoir fini le secondaire, que ma vision de la vie a changé à ce point. J'aurais voulu être celle qui se passionne pour sa profession, qui se sent accomplie par son métier, mais ce n'est pas le cas. J'ai d'autres rêves, d'autres aspirations, et tout ce que je désire, c'est de trouver ce qui me passionne et d'en faire ma priorité. Et ça ne veut pas dire que ce sera un métier. Si nous ne profitons pas du moment présent maintenant, pourrons-nous le faire dans le futur? Personne ne le sait malheureusement. J'ai donc choisi de le faire là, maintenant, et de prendre mon temps.

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