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« Ligue du Lol » : entre troll de luxe et cyberharcèlement, quand le « LOL » ne fait plus rire
Crédit: Unsplash

Il se passe actuellement quelque chose en France de grave, un truc si grave qu'il nous est venu aux oreilles jusqu’au Québec, nous a touchés en plein dans notre cœur de femmes des médias et qu’on ne pouvait le passer sous silence. Sous couvert d’humour, un petit groupe de journalistes, YouTubeurs et autres personnalités de la communication parisienne, se seraient adonnés à du trolling cinq étoiles et au cyberharcèlement.

La « Ligue du Lol », puisque c’est le nom sous lequel s’est présenté ce microcosme haineux, était un groupe Facebook privé, actif dans les années 2010. Dans ce cercle, une trentaine de journalistes (principalement) parisiens auraient franchi les barrières de l’humour avec comme étendard des « blagues » antiféministes, homophobes, grossophobes, racistes et même parfois antisémites.
Dans leur ligne de mire se nichaient les premières porte-parole du mouvement féministe français, des consœurs et confrères journalistes, des blogueuses et blogueurs dont ils se moquaient, entre autres, sur Twitter et sur les réseaux sociaux.

«  Ils me harcelaient pour le plaisir, par ennui peut-être, ou par concours de bite, j’étais grosse, j’étais une femme, j’étais féministe, cela suffisait à les faire rire. Leur spécialité n’était pas le débat d’idée. Pas d’argumentation, pas de débat, pas même d’idées. Juste de la violence », témoigne sur son propre blogue Daria Marx, féministe aguerrie bien connue de Twitter.

Les propos sont crus, témoins de la violence avec laquelle ce petit groupuscule d’hommes (trentenaires, parisiens, hétéro et blancs) s’est attaqué à plusieurs de leurs victimes. La violence, quelle qu’elle soit se condamne. Et à juste titre, la plupart des têtes pensantes de la « Ligue du LOL » ont été mises à pied des rédactions pour lesquelles ils travaillaient : ils étaient journalistes, rédacteurs en chef ou simplement « en place » dans les médias français.

Aujourd’hui, si plusieurs d’entre eux ont tenu des excuses publiques, tentant d’excuser leurs actes par une époque où il faisait bon rire de tout et n’importe quoi, le cyberharcèlement demeure un acte grave et condamnable. La France a reconnu cet acte comme un délit il y a quelques années, quant au Québec, la loi me semble encore nébuleuse à ce sujet-là. Il semblerait que l’on puisse en saisir la justice, mais que la démarche soit plus fastidieuse. Pourtant au Québec comme ailleurs, la cyberintimidation est une réalité.

Selon un rapport de Reporters Sans Frontières datant de 2018, le cyberharcèlement toucherait toutes les femmes journalistes du monde, sans aucune distinction de nationalité et concernait près de deux tiers des femmes journalistes selon International Women’s Media Foundation en 2013. S’il est question dans la « Ligue du LOL » principalement de femmes actives dans le monde des médias, il nous semble évident et nécessaire de rappeler que la cyberintimidation touche tout le monde, encore une fois, sans aucune distinction de genre, de nationalité, d’âge ou de quoi que ce soit.

Ce n’est un secret pour personne : on vous laisse deviner dans quel état cette affaire et toutes les autres avant celle-ci, peuvent nous laisser.

 
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