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J’suis pas une (fichue) cheerleader!
Crédit: Unsplash

Les jours où je suis une vieille gourde desséchée qui a peine à se désaltérer elle-même, y’a généralement la terre entière qui a soif.
 
Un.e conjoint.e qui en a sa claque, qui a besoin de parler. Les enfants l’épuisent, la belle-mère la brûle, la job la tanne, la routine l’éteint, la pluie l’assomme. Voudrait plus, voudrait mieux, il faudrait que. Je l’aime et je l’encourage.
 
Un.e ami.e qui a besoin de ventiler. Ça va mal, son couple. L’autre ne s’implique pas, n’en fait plus assez, l’ami.e se sent utilisé.e et pris.e pour acquis. Ou elle a pris du poids et l’estime de soi est à plat. Voudrait plus, voudrait mieux, il faudrait que. Je l’aime et je l’encourage.
 
Un.e collègue qui est toujours débordé.e, stressé.e, qui a besoin d’un break et qui utilise nos heures de dîner pour tout, sauf me donner un break. Qui utilise nos dîners pour évacuer sur son avant-midi, avec tout le stress que ça lui rajoute. Qui est presque au bord des larmes en m’en parlant. Encore des voudrait plus et mieux, encore des faudrait que. Je l’aime et je l’encourage.
 
Ou un.e autre collègue qui vient déverser son flot de chialage. T'sais, un.e collègue lourd.e, qui est toujours en maudit contre ses boss, contre ses collègues, contre l’organisation? Ce même collègue que c’est toujours les autres le problème? Lui, je ne l’aime pas. Mais il me vide son sac sans prendre une seule respiration pour que je puisse placer un mot, un seul : STOP.
 

STOP. C’est le mot que j’aurais parfois besoin de dire. J’aurais besoin d’interrompre mon interlocuteur, que j’aime un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout. Faire cesser la litanie de tout ce qu’il faudrait faire, faudrait dire, faudrait agir, il faut qu’il, que, quoi. Ma liste à moi est déjà longue.
 
Attendez, non, pas l’interrompre : je l’aime, cette personne. Je ne veux pas la rejeter, la repousser ou lui manquer de respect, juste la stopper un moment.
 
Mon conjoint chéri, mon amie d’amour, mon collègue sympa, mon collègue de marde, je ne suis ni une cheerleader, ni faite en diamant. Cette lourdeur m’écrase aussi. J’ai toute la bonne volonté du monde, mais je ne peux ni agir pour vous, ni vous donner ce qu’il faut pour passer à l’action et réaliser quelques-uns de vos Faudrait que.
 
Je SAIS que ce n’est pas ce que vous m’avez demandé, jamais. Je SAIS que vos mots ont besoin de sortir, que vous avez besoin de parler pour remettre en place les morceaux et refaire du sens. C’est pareil pour moi aussi.
 
C’est juste qu’aujourd’hui, ces jours-ci, mes pompons sont dégarnis. Mon uniforme est décrépi. Mon sourire est défraîchi.


 
Je veux le meilleur pour vous – sauf le collègue lourd, toi, fais de l’air – et je suis de tout cœur avec vous. Mais j’essaie d’apprendre à mettre des limites pour me garder hydratée.
 
P.-S. ce texte est semi-fictif et surtout destiné aux nombreux cheerleaders qui nous entourent. Parfois, il faut savoir s’arrêter, se retirer et prendre le temps d’être pour nous-même ce qu’on est pour les autres : encourageant, à l’écoute, proactif et compatissant. Impossible d’abreuver qui que ce soit lorsqu’on est vide soi-même.
 
Si vous en êtes un.e ou en côtoyez un.e, prenez le temps de vous/lui offrir un grand verre de positivisme, de simplicité et de légèreté aujourd’hui. Tellement rafraîchissant!

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