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L’intolérance : un combat qui m’épuise

Je suis facile d’approche. Oui, oui. Je m’entends à peu près bien avec tout le monde et les relations interpersonnelles ne m’effraient pas. Même si peu de personnes entrent dans mon cercle d’ami.e.s intime, je suis foncièrement quelqu’un de social, fasciné par le genre humain.

Mais il y a une chose que je ne supporte pas, mais là pas pantoute, c’est la fermeture d’esprit.

On peut être en désaccord, voire débattre avec vigueur, mais si tu t’armes de préjugés en multipliant les sophismes, plus aberrants les uns que les autres. Si tu fondes tes arguments sur la peur de l’autre ou le rejet de la différence. Si tu te bases sur des croyances pour justifier l’horreur. Alors là, je perds immédiatement mes moyens. Je quitte l’arène la bouche ouverte, estomaquée par ce que je viens d’entendre.

Et c’est dans ces moments que je réalise à quel point je vis dans un petit monde coupé de bien des réalités. J’habite à Montréal, je fréquente les quartiers centraux, je côtoie des individus éduqués, qui pensent plus ou moins comme moi, et les seuls esprits bornés qui parviennent jusqu’à moi sont ceux de quelques utilisateurs Facebook qui commentent les articles du Journal de Montréal.

Au fond, c’est moi la pire dans l’histoire, car au lieu d’emprunter une position pédagogique, de tenter d’éduquer l’autre, je pars en courant, complètement désarçonnée par l’ignorance. Est-ce moi qui ai l’esprit fermé? Est-ce qu’en ne remettant pas les imbéciles à leur place, je participe moi-même au climat d’intolérance? Bon, vous allez me dire : n’est-ce pas un peu prétentieux de penser porter cette responsabilité à toi seule? Je sais qu’on est toujours l’imbécile de quelqu’un. Mais je parle ici d’une attitude individuelle qui entraverait notre lutte collective contre la bêtise. Si personne ne se sent concerné lorsqu’un.e membre du club de l’ignorance s’énerve, qui va se charger de l’informer?

Faut tout de même pas se mentir… Rien n’est plus épuisant que de tenter de défaire les jugements d’un être étroit d’esprit. Simon-Pierre Beaudet écrivait sur son blogue Fuck le monde : « L’intelligence est un astre, la connerie, un trou noir. S’il est une chose acquise, c’est qu’il ne faut jamais opposer l’intelligence à la connerie, car si l’intelligence brille des lumières de la raison, la connerie absorbe sa lumière qui disparaît et ne revient plus. Démentir les imbéciles est un travail sans fin. »

Une chose est sûre : je refuse de tolérer l’intolérance, d’accepter qu’il en soit ainsi. Certes, je n’ai pas la force de la combattre tous les jours, à coup de patience et de compassion. Mais il faut parfois s’essouffler un peu pour faire avancer les choses. Sortir de son confort silencieux pour changer les mentalités.

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