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Grossophobie internalisée: si on avait tou.te.s un peu peur du corps gros?

Dans mon dernier article, qui portait sur la dysmorphophobie (pour le lire, c'est ici), j'ai brièvement fait mention du fameux commentaire « Pourtant, tu n'es pas gros.se! » que l'on peut régulièrement entendre sortir de la bouche de monsieur/madame Tout-le-Monde. Cette remarque, quoique passée sans mauvaise intention, est purement grossophobe. 

Eh oui, bien que bon nombre d'entre nous clamons notre inclusivité et notre respect de l'autre peu importe ses différences, la haine du corps gros se faufile partout, sans même que l'on s'en rende compte ou que ce soit intentionnel. On appelle ça de la grossophobie internalisée. 

Le mot « internalisé » est ici utilisé en référence aux conséquences issues de l'endoctrinement grossophobe qui nous est perpétuellement inculqué par la société occidentale actuelle.

En d'autres mots, le monde des médias et des réseaux sociaux est une machine beaucoup plus puissante qu'on ne peut l'imaginer. L'univers médiatique est effectivement omniprésent dans la vie de presque tou.te.s, que ce soit à travers un écran de téléphone cellulaire ou celui d'une télévision dernier cri. Ainsi, nous sommes constamment exposé.e.s à ce qui y est véhiculé et petit à petit, nous assimilons ce qui nous est présenté sur une base régulière. Inutile de spécifier que la grossophobie en fait partie. 
 

Crédit : Les folies passagères

Étant moi-même très active sur les réseaux, je peux affirmer que l'acceptation, la normalisation et l'inclusion des corps gros est une lutte que les activistes de nos jours ont à coeur. Sans non plus avoir complètement enrayé la grossophobie, les commentaires haineux vis-à-vis des personnes grosses sont beaucoup plus dénoncés qu'auparavant. 

Or, les remarques plus subtiles, quant à elles, passent pour la majeure partie du temps encore sous silence, voire pire : elles sont passées par des militant.e.s elleux-mêmes. En voici quelques exemples : 

  • « Est-ce ce chandail me donne l'air d'avoir un gros ventre? »
  • « Les personnes grosses ne me dérangent pas, mais je ne veux pas être l'une d'elles. »
  • « C'est le temps de me mettre au régime : j'ai vraiment pris du poids durant mes vacances! »
  • « Je me sens tellement gros.se aujourd'hui. »
  • Etc.  

Je passe moi-même de telles remarques de temps à autre. Toutefois, depuis que je m'intéresse davantage à ce phénomène et que je joins mes énergies à celleux qui militent déjà, j'essaie le plus possible de ne pas faire usage d'un vocabulaire pouvant potentiellement porter atteinte aux personnes grosses. 

En tant que société, il est de notre devoir de s'instruire sur la grossophobie (en général, oui, mais internalisée aussi) afin de la détecter, sous toutes les formes qu'elle peut prendre. Il est impérial que nous déconstruisions cette phobie du corps gros en réfléchissant à ce que celle-ci représente à nos yeux en tant qu'individu et en tant que collectivité. Également, il est plus que pertinent de revoir la connotation attribuée aux adjectifs en lien avec la grosseur ainsi que le mot « gros » lui-même. 

Dans le fond, je pense que cette lutte, bien que collective, part de chacun de nous. Un minimum d'honnêteté envers nous-mêmes, afin de d'abord constater la présence de grossophobie en nous (pour la plupart des gens), est nécessaire si l'on veut avancer en tant que société qui se veut inclusive. 

Pour terminer, je laisse ici un concept sur lequel je travaille encore. Peut-être suscitera-t-il une réflexion chez certain.e.s, ce qui serait déjà un pas dans la bonne direction. 

« Gros.se » n'est pas une émotion, alors la prochaine fois que l'envie de dire/la pensée « Je me sens tellement gros.se » se présentera, j'invite tous et toutes à se requestionner sur l'émotion qui se cache derrière cela.

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