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Automutilation : mes trucs pour ne pas me couper quand tout fait trop mal
Crédit: Cassandra Cacheiro

Ça va faire dix ans que je me coupe.

J'entaille ma chair pour contrôler. Je veux savoir que je suis celle qui me fera le plus de mal. Rendre mes douleurs de tête tangibles. Personne ne peut me faire mal, je vais l'avoir fait avant. J'étais la championne de la cachette. Je me suis toujours blessée à des endroits où personne ne pouvait voir. Mes cicatrices peuvent être attribuables à des blessures random de randonnée en forêt.

C'est tabou, je sais. C'est peut-être même difficile de me lire en ce moment, mais je suis tannée de me taire. Vivre ça dans le silence n'aide rien.

Depuis quelques années, je me coupe beaucoup moins. Je ne dis pas que je n'ai plus envie de le faire. C'est un réflexe que j'ai intériorisé, ma façon de gérer mon anxiété. Ça m'est arrivé quelquefois de rechuter. Je me suis beaucoup détesté pour ça. J'essaie de ne plus le faire. J'essaie de m'aimer et de me comprendre comme si j'étais une personne extérieure. Au fil des années, j'ai développé mes petits trucs de guerrière du quotidien. Lorsque l'envie de me couper est trop forte, je les utilise. Ce sont mes trucs personnels. Je ne dis pas qu'ils sont universels. Seulement, ils m'aident lorsque mes bobos de tête sont trop blessants.

Je dessine sur mon corps
J'avais commencé ça étant plus jeune. Je prenais un marqueur et je dessinais un trait sur les endroits que je voulais couper. Avec du recul, je trouve encore la chose assez violente. J'ai, depuis, changé de technique. Je dessine maintenant des papillons sur mon corps aux endroits où je voudrais me faire du mal. Sur ceux-ci, j'écris le nom d'une personne pour laquelle je sais que je compte. Je sais que ça peut faire un peu ésotérique. J'avais trouvé ça aussi lorsque j'avais trouvé le truc sur un forum d'aide. Par contre, pour moi, ça marche. Penser au beau pour détruire le laid.
 


Crédit : Les folies passagères/Facebook
 

J'en parle
Dans ma tête, j'ai prédéterminé certaines personnes-ressources pour quand je suis toute seule et que le désir d'automutilation est trop fort. J'ai monté mon armée personnelle contre mes bobos de tête. Je les ai prévenus. En cas de crise, je peux les appeler et leur parler jusqu'à ce que je me calme. Avec ma psychologue, nous parlons aussi du pourquoi. Pourquoi voudrais-je à ce point me blesser? Quelles seraient les stratégies que je pourrais utiliser pour aller mieux? Prévenir pour mieux guérir.

Faire du sport
Juste aller courir. Vite, très vite. Crier en même temps. Juste faire sortir tout ce qui est pogné en dedans. Je mets de la musique dans mes oreilles et je vais courir. Ça peut être autre chose qu'aller courir. Sauter, nager, danser, aller pitcher un ballon très fort sur un mur… Tout pour faire sortir le méchant du dedans et secréter de l'endorphine. L'endorphine, c'est une sacrée bonne chose pour le cerveau. Tout devient un peu plus calme.

Utiliser de la glace
Parfois, l'envie est trop grande. J'ai l'impression que c'est viscéral et qu'il faut absolument que mon corps ressente de la douleur. Je prends alors de la glace. Je laisse fondre un glaçon dans ma main ou j'en place un sous chacun de mes yeux. Ça crée un choc thermique pour mon corps et ça me calme.

Me faire du bien au lieu de me faire du mal
J'essaie de combattre l'envie de me faire du mal en me faisant du bien. Je m'accorde maintenant du temps. Je prends des bains, j'utilise des bombes Lush, je me fais des masques. Je me fais un thé et je lis un livre. Je fais des choses qui me font plaisir.


Crédit : Nova

Écrire ce texte a vraiment été ardu pour moi. Je parle un peu de mon ultime tabou. Pour m'aider, j'ai plus envie que ce soit aussi caché. J'aimerais qu'on soit capable d'en parler et de s'aider sans peur d'être jugé. Je ne suis pas faible. Je suis une fucking guerrière. 

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