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On a jasé avec Cloé de Bravo Championne et c’était un pur plaisir [Entrevue]
Crédit: Instragram/Bravo championne

Il y a quelques semaines, j’ai jasé de plaisir, de tabous et d’excitation avec Marie-Pier Deschênes. Cette semaine, c'est avec la brillante Cloé Lachapelle, auteure de Bravo Championne, que j'ai discuté de réalités relationnelles, de sexualité sans culpabilité, d'émotions, de préjugés et de consentement.

Mélanie– Bonjour Cloé, comme les filles de Ton Petit Look ne te connaissent probablement pas toutes, je me suis dit que tu étais LA meilleure personne pour nous parler de ton projet.

Cloé– Mon projet, c’est Bravo Championne, un compte Instagram qui allie l’écriture, les jeux de mots, la sexualité et les situations cocasses des relations. Pour le moment, je partage mes petits textes sur Instagram, mais je vais probablement diversifier les médiums bientôt. Au début, je faisais ça pour moi! Par contre, vraiment rapidement, je me suis aperçue que mes niaiseries (pourtant inspirées de ma vie personnelle) pouvaient rejoindre plus de gens que je pensais.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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M– Quand on a une idée, il y a un monde entre y penser et la concrétiser. Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer?

C– Honnêtement, à la base, c’était un projet que je lançais sans me donner de but précis. Je l’avais lancé en me disant que ça me pratiquerait à écrire, me pousserait à extérioriser ce que je vivais et me donnerait la chance d’aborder de sujets dont je peux pas parler dans le cadre de mon travail. J’avais toujours écrit ces affaires-là dans des calepins, sur des coins de napkins, etc. J’avoue qu’il a fallu qu’une amie lise 2-3 de mes textes et me dise : « Tu devrais trop mettre ça sur Instagram, je suis sûre que ça parlerait aux gens. En tout cas, moi je lirais ça. » pour que je me lance.

Je m’attendais vraiment pas à ce qu’autant de gens se retrouvent dans ce que j’écrivais. Maintenant, je réalise qu’il y a tellement de personnes (pas mal tout le monde – peu importe ton genre) qui vivent avec des angoisses, des frustrations, des envies, des doutes, etc. en lien avec le sexe et avec les relations amoureuses. C’est drôle à dire, mais je crois que le sparkle est venu sur le tard : aujourd’hui, je veux simplement dédramatiser la sexualité. Je pense que les gens – dont moi, s’en font tellement avec les relations, l’amour, et le sexe. D’en parler ouvertement comme ça, ça nous fait réaliser que même si la sexualité est un sujet intime, on passe pratiquement tous par les mêmes étapes et questionnements. Je pense qu’en riant de tout ça, on rend le tout moins grave et ça permet de se dire qu’on n’est pas « anormaux ». Si mon petit compte peut aider à ce qu’il y ait moins de tabous, alors ça me rend heureuse en titi.

M– Contrairement à Alexine et Marie-Pier, tu as décidé de ne pas conserver anonymat, pourquoi?

C– Au départ, j’ai choisi un alias simplement parce je savais pas si je voulais rester complètement anonyme ou non. En fait, je savais pas si je voulais que mes employeurs et clients m’associent à ça. Le fait d’écrire ouvertement mes préférences au lit (lol) ou de dévoiler mes émotions comme ça, c’est presque aussi stressant pour moi que de publier une photo de moi nue. Aussi, et ça c’est une question de confiance, mais tu sais pas si ça va fonctionner et tu sais pas si les gens qui te suivent le font juste parce qu’ils te connaissent. Quand j’ai lancé le compte, au début, la plupart de mon entourage était pas au courant. Quand j’ai des amis qui se sont abonnés à mon compte de leur plein gré, sans savoir que c’était moi derrière le compte, je me suis dit que c’était peut-être pas si mauvais mon affaire! Par contre, rapidement, je me suis « dévoilée » en inscrivant mon nom et en me montrant en stories de temps en temps. Évidemment, j’ai pris confiance en mon projet, mais c’était quand même une grosse étape de dire qui j’étais, parce que le tabou entourant la sexualité demeure là. Je me suis kické les fesses en me disant que si j’étais incapable de montrer qui je suis, c’est comme si je n’assumais pas entièrement ce que j’écrivais. Comme je suis tannée des tabous et j’ai justement envie qu’on s’assume enfin, je me suis dévoilée. Par contre, je vais toujours garder l’alias Bravo Championne qui touche davantage les gens, je crois, qu’un compte qui s’appelle tout simplement « Cloé Lachapelle ». Tout le monde peut se dire « Ouin, bravo championne…» dans sa vie, mais s’auto-traiter de « Cloé Lachapelle » – c’est très bizarre (hahaha).

M– Comment penses-tu que ton projet aide à démystifier les tabous entourant la sexualité féminine?

C– Comme j’ai dit, je pense que le simple fait d’aborder la sexualité féminine permet déjà de briser des tabous. Il y a beaucoup de comptes anglophones du genre qui sont populaires, mais des comptes francophones, et surtout québécois, c’est encore assez méconnu.

Le fait d’en parler de manière légère et d’en rire, je pense que ça peut aider les gens. Le préjugé qui me dérange le plus par rapport à la sexualité féminine, c’est justement ça : que la sexualité est un sujet très sérieux et qu’on ne peut pas faire de blagues là-dessus. Tant qu’il y a respect et consentement, je crois qu’on peut tout dire. Il faut pas oublier que le but de deux (ou plus) personnes consentantes qui s’adonnent à un rapport sexuel, c’est le PLAISIR. Alors, je ne veux pas garder ça strictement sérieux, formel, anatomique et secret.

J’ai la chance d’avoir une gang d’amies avec qui on parle beaucoup de sexualité, sans gêne, sans filtre, mais toujours dans le respect. Une fille va dire : « Hey! Aimez-vous quand vous vous faites faire ÇA? » et on se sent ouvertes à dire ce qu’on pense vraiment. On a même déjà passé une soirée à dessiner notre propre vulve et à comparer nos dessins juste pour réaliser qu’on est TOUTES différentes et qu’on est toutes des femmes pareil. Juste d’en parler ouvertement comme ça à des gens de confiance, ça m’aide à en parler avec mon partenaire, à me rassurer quand ça va pas parfois, à déterminer mes préférences et à savoir ce qui me plait pas.

Autre préjugé qui me perturbe : les hommes sont accros au sexe et les femmes n’écoutent pas de porno. Je connais beaucoup de filles dont la libido est extrêmement élevée et des gars qui sont moins portés sur la chose. Je pense qu’il y a rien de mal à ça, de part et d’autre. Il faut juste respecter les envies de l’autre. Si ton/ta partenaire ne veut pas, il faut pas que tu vois ça comme un rejet de ta personne et, si ton/ta partenaire veut toujours le faire souvent, il faut pas que tu crois qu’il/elle est jamais satisfait.e! Aussi, en ce qui concerne la porno, je dirais que 90% de mes amies filles en écoutent. Les hommes et les femmes sont différents, oui; mais les hommes entre eux le sont autant et les femmes entre elles aussi! Les humains sont différents d’une personne à l’autre, point final.

M– Est-ce que tu reçois des commentaires négatifs, des dick pics ou des demandes weirds?

C–  Je suis chanceuse, je n’ai jamais reçu de messages méchants ou dégradants. C’est arrivé que quelques personnes m’écrivent des phrases avec quelques sous-entendus, qui laissent croire qu’ils aimeraient flirter, mais ils poussent pas lorsqu’ils voient que je ne suis pas ouverte à ce genre de discussions. J’ai pas reçu de dick pics non plus – mais des photos de filles sexy, oui! 😉

M– Qui sont tes inspirations autour du sujet de la sexualité féminine?

C-Mes inspirations « connues » ou publiques, ce sont des personnes qui énoncent la sexualité, le féminisme et les relations sans aucun tabou et toujours dans le respect, que ce soit amené de manière intelligente, drôle, divertissante ou artistique. Mes comptes Instagram à suivre dans cette optique-là : @sarahbahbah, @clitrevolution, @mercibeaucul_, @leaclermontdion, @angele_vl, @mileycyrus, @lesfourchettes et @regards_coupables. Sinon, mes amies et mes proches sont mes inspirations moins connues, mais non moins importantes!

M– Ton conseil le plus important pour les femmes qui veulent une sexualité plus épanouie ce serait quoi?

C– En fait, j’ai deux conseils. Ce sont des conseils qui m’ont personnellement aidée! Premièrement, il faut arrêter de se juger soi-même. On a souvent de la misère à être ouvert et à parler sexe parce qu’on se juge soi-même. Tant qu’on respecte les autres et les lois, on peut aimer ce qu’on veut! Il y a rien de mal à vouloir faire l’amour chaque jour, comme il y a rien de mal à vouloir le faire une fois par mois. Il y a rien de mal à changer de position sexuelle aux 15 secondes chaque fois qu’on a une relation sexuelle, comme il y a rien de mal à suivre 3-4 positions toute sa vie et y trouver son bonheur. Tant qu’on écoute ses envies et qu’on vise à avoir du plaisir, c’est plus facile de communiquer et de s’épanouir.

Deuxièmement, je dirais que c’est important d’avoir au moins une personne dans sa vie (autre que son partenaire) à qui on peut tout dire à propos de sa sexualité sans avoir peur d’être jugé. C’est pas nécessaire de tout lui dire en tout temps, mais de savoir que quelqu’un peut nous écouter quand on en ressent le besoin, ça vaut pour beaucoup. Le simple fait de confier ses doutes ou ses questionnements à quelqu’un de confiance est rassurant et désangoissant.

M– Voudrais-tu dire autre chose que je ne t’ai pas demandé?

C– Je pense que j’ai déjà abusé dans mes réponses… Mais mon mot de la fin : PARLONS DE SEXE ET AMUSONS-NOUS.

M– Merci Cloé! Ton projet me rejoint vraiment. Avec tes 16 000 abonnés, je comprends que je ne suis clairement pas la seule! Pour découvrir Cloé et son projet Bravo Championne, c’est ici.
 

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