Aller au contenu
Lectures LGBT éducatives, ou comment entretenir la peur des différences
Crédit: budum.fr

Un matin à la job. Je réponds à des courriels et à des clients, j’entends d’une oreille distraite mes collègues qui sont en grosse discussion. En me joignant à eux, j’apprends qu’ils jasent d’une nouvelle sortie la semaine passée : on voudrait introduire en CPE et au primaire des livres éducatifs qui parlent de diversité familiale et déconstruisent des stéréotypes sur la sexualité. Vu que j’avais déjà lu l’article du Devoir à ce sujet, j’ai donc exprimé mon accord avec cette mesure à mes collègues.
 
Un petit malaise s’installe.

Quelqu’un répond que c’est vraiment trop tôt pour en parler avec les enfants et qu’en plus, ils ne remarquent pas ce genre de différences à cet âge. Moi de répondre que les enfants posent toujours des questions et que de toute façon, ces livres ne donneront pas de détails. On parle ici d’enfants en bas âge, 3 ans et plus; les histoires se doivent d’être simples pour garder leur attention, AKA pas un manuel de bio sur les organes reproducteurs humains.
 
Mais vu que je semblais être la seule de cet avis, j’ai ravalé mes arguments et continué de vaquer à mes tâches. Ce genre de frustration n’en vaut pas la peine.
 

Jean a deux mamans - TPL
Crédit photo : Amazon.fr

 
J’ai googlé la majorité des titres que la CSQ (Centrale des syndicats du Québec) a recensé pour le dossier. Conclusion, ces livres mettent en situation des personnages :

  • Qui ont des familles différentes (homosexuelle, monoparentale, adoption);
  • Qui éprouvent une attirance pour une personne du même sexe qu’eux;
  • Qui aiment des choses que la société a associé à un genre (le rose, les camions, etc.).

Soyons honnêtes : qui ne se reconnaît pas dans l’une de ces situations? Qui n’a jamais entendu un enfant demander pourquoi X est noir, pourquoi Y n’a pas de papa?

Pour l’anecdote : j’ai déjà eu des gâteaux d’anniversaire à l’effigie des Ninja Turtles et Mario Bros, et je dompais mes Barbies dans mes camions Tonka pour les promener dans la cour. Alors pour ceux qui ont peur que ces lectures soient une « mauvaise influence » sur leurs enfants, STOP le discours alarmiste. Je m'en porte très bien et ça ne fait pas de moi une personne moins féminine. 
 

Une fille comme les autres - TPL
Crédit photo : www.fugues.com

 
Je trouve ça triste de savoir qu’en 2014, on fasse encore preuve de cette espèce d’hypocrisie envers les différences sexuelles parce que tsé, FAUT PAS MÊLER NOS ENFANTS À ÇA. À quoi au juste? On ne vous demande pas d’avoir la convo des abeilles et des fleurs, mais de présenter des histoires de princesses qui aiment d’autres filles ou d’un petit garçon qui aime le rose. C’est aussi une question de double standard : Qui n’a jamais regardé Mrs. Doubtfire et rigolé sa vie? Pourtant c’est un homme qui se déguise en femme, MÊME PAS TRANS EN PLUS! On a tous trippé Disney quand on était enfants, mais plus vieux on lit les frères Grimm et on prend conscience du sexisme qui se dégage de ces histoires.
 

Papa porte une robe - TPL
Crédit photo : Amazon.fr

 
On n’a pas non plus enlevé la religion dans les écoles pour ensuite utiliser le sexe comme moyen « d'endoctrinement » de ces pauvres âmes malléables, parce que 1- La religion est un choix personnel 2- On naît comme hétéro, homosexuel ou trans. Avez-vous pensé aux vraies familles homoparentales, comme celle d’Annie, collaboratrice à TPL Moms?
 
Les jeunes enfants n’ont pas de préjugés qui influenceront la lecture de ces livres. Ils sont curieux et absorbent les informations qu’on leur donne, mais aussi les sentiments qui viennent avec. Prôner l’ouverture face à la diversité est bénéfique dans leur compréhension du monde, mais aussi par rapport à leurs propres différences qu’ils commencent à découvrir.
 
Je comprends absolument que les parents veulent avoir cette discussion en premier avec leurs enfants; l’un n’empêche pas l’autre. Mais si le questionnement survient à la garderie ou dans la classe? Je crois qu’avoir les outils nécessaires dans un milieu propice à l’apprentissage a son utilité.
 
Donc, des livres éducatifs sur la diversité pour casser les stéréotypes, YAY or NAY ?

Plus de contenu