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Masculinité fragile VS foulard-couverture
Crédit: ASOS

Je trippais ma vie chez Tigre Géant après avoir découvert leurs gros foulards-couverture à 15 $ quand la remarque m’a traversé l’esprit : je les vois rarement portés par des hommes ou, en tout cas, j’en ai vu peu dans la vraie vie comme sur Internet. Qu’on cherche « foulard-couverture » ou « blanket scarf » sur Google, on ne retrouve que des photos de jeunes femmes stylées et de quelques rares hommes (à qui ça va vraiment très bien en plus).

Ainsi, ce n’est pas un accessoire qui a souvent pour clientèle cible les hommes, bien que ce soit une mode marginale que certaines marques et griffes (Burberry, Ralph Lauren et Louis Vuitton, entre autres) ont adoptée (au prix, parfois, d’un néologisme servant à bien distinguer le blanket scarf pour femmes de celui pour hommes, question de bien assurer qu’on reste homme en le portant : ça devient un manket. Soupir).

Mais donc, même mon amoureux, qui se balance bien des rôles ou des stéréotypes de genre,
demeurait un tantinet réticent à s’en procurer un, même après que je lui eus vanté les mérites évidents de mon nouveau foulard et qu’il semblait d'accord avec moi. J’étais curieuse du pourquoi : certes, la taille est peut-être encombrante pour certains, mais pour protéger les cous l’hiver, il ne se fait pas mieux!

Après discussion, il s’est avéré qu’il y avait probablement, derrière cette hésitation, un réflexe inconscient d’évitement du côté « féminin » qu’apportait un gros foulard douillet comme celui que j’ai acheté. Même chez lui, pourtant un allié féministe super woke.

Ça paraît ben anodin, mais son ambivalence se rattache à une idée sournoisement enracinée qui sous-entend subtilement que ce qui est associé aux femmes est quelque chose de particulier (et non « par défaut ») et de négatif (c’est ce qui expliquerait que c’est mieux vu une femme qui s’habille avec des vêtements « pour hommes » pour un look androgyne qu’un homme qui se vêt avec du linge « de femme »).

Ainsi, j’ai trouvé fascinant de m’imaginer qu’on puisse ainsi associer confort, coziness et chaleur à une prétendue « féminité » (whatever that means) qu’il faut, bien sûr, fuir comme la peste si vous voulez être un vrai Homo barbecuens hockeyus pur bacon (#ExtraSarcasme). Donc s’habiller de façon à se tenir au chaud dehors, l’hiver, à -35 °C, ce serait quelque chose de féminin? 

Ben non! Je vais dans l'hyperbole, mais les gars, il n’y a pas de danger à venir du côté « féminin » de la force; rejoignez-nous, on y est au chaud et on n’émascule personne! Vous ne devriez pas voir les choses en binarités et ne vous définir que par opposition à nous. La porte des hivers où vous ne trémulez plus vous est ouverte; il n’est écrit nulle part que nous devrions être les seules apanagées de foulards énormes et cozy.

Aussi, faut-il le répéter, le genre et l’orientation sexuelle ne sont pas déterminés par votre expression vestimentaire. C’est normal d’avoir du mal à remettre en question des automatismes de pensée quand vient le temps d’oser porter quelque chose d'aussi « traditionnellement féminin » que le foulard-couverture (#JokePasJoke­) dans un monde où le féminin tient du champ lexical de la faiblesse, de la fragilité et de la soumission et où l'on définit la masculinité comme son contraire.
 
Donc, maintenant qu'on a écarté toute menace féminine associée aux foulards-couverture parce que fuck les stéréotypes de genre, voici, messieurs, quelques adresses, en ordre de prix du moins cher au plus cher, où filer vous en procurer : Tigre GéantGarageASOS (notamment, le foulard de la photo de couverture), LystGrace & LaceSimonsZara et Aritzia. Ne vous laissez pas décourager par les modèles féminins. Joyeux automne cozy
 

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