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Le fameux édito de filles en sang, un scandale ou non (NSFW)?

La semaine passée, ces images, une gracieuseté de l’édito « Victims of Beauty » du magazine bulgare 12 Magazine, ont fait le tour des Internets. On voulait en jaser un peu.

 

Tout cela est extrêmement choquant – c’est pas le fun (c’pas mal un euphémisme) voir une femme un oeil enflé ou une gorge ouverte…

Ça fait même très mal.

Et personnellement, je ne peux pas voir autre chose qu’un gros coup de marketing de bas étage, une idée un peu très niaiseuse. Un gros manque de jugement, de surcroît pas très original, pour soulever les passions.

 

MAIS! Puisque nous sommes des personnes raisonnables et intelligentes, nous comprenons assez vite que c’est de l’art, non un appel au féminicide. De plus, faire des photoshoots où les femmes sont présentées comme des victimes – d’un sac à main, de la mode ou Guy Bourdin – n’est vraiment pas une idée nouvelle (voir le papier sur ça ICI) et le présent exemple n’est, au fond, qu’un exemple poussé à l’extrême de cette tendance.

Malgré tout, je trouve ça juste oh so fucking wrong.

En partant, nous sommes DÉJÀ exposés à des images violentes frôlant la limite de l’acceptable (le bulletin de nouvelles de 22 heures est suffisant), et là, avec cet énième et insipide photoshoot où la femme est ravagée, on contribue à banaliser l’action (la violence envers les femmes, mais plus généralement la violence) et ses conséquences. Un humain mutilé, pas de troubleee! Pas besoin d’un BAC en communication pour savoir qu’une image devient banale lorsque répétée inlassablement.

Puis, on se pose plus de questions. Pourquoi? Comment cette idée-là a survécu à tout le processus éditorial du magazine? Heureusement, sachez que l’industrie de la mode se pose des questions (des fois) et plusieurs publications web nous ont présenté des hypothèses.

Le site Fashionista.com a réussi à rejoindre les éditeurs du magazine pour publier leur point de vue. D’ailleurs, ils ont utilisé une citation-phare d’un article sur le même sujet publié sur Jezebel.com :

This empty idea of the fashion consumer as fashion victim — of the stupid Vogue-reading woman too alienated from her own best interests to realize that cosmetics and designers clothes are nothing but frivolous distractions from the important stuff — is of course what 12 is punning on. “Ha ha,” says the spread, “What if women were literally victims of beauty?” Eye roll. If we finally got rid of the idea that fashion is for victims, maybe we’d see fewer victimized women in fashion magazines.

 

Évidemment, 12 Magazine n’a pas voulu faire la promotion de la violence (lololol), et nous répète que ce qui est fantastique avec le monde de la mode et la beauté, c’est que tout le monde peut penser ce qu’il veut! On peut toujours bien présenter ça sous l’angle de l’artiste-maquilleur est vraiment fou bon… pour ensuite répliquer qu’on voit toujours de la violence aux nouvelles et on se choque pas tant

Avant de *facepalmer* trop fort sur votre bureau… continuez à lire un peu. On a gardé le meilleur pour la fin!

Les éditeurs du 12 Magazine ont demandé, dans un communiqué aux médias, comment aurait-on perçu ces photos si elles avaient été publiées dans le cadre d’une campagne de sensibilisation envers la violence (ce n’est pas le cas, donc pourquoi)? Et la question suprême : et si on avait présenté des hommes à la place? Ferait-on preuve de sexisme ici?!

HAHAHA.

Comme un peu tout le monde, je suis déçue de l’attitude des créatifs derrière cet édito (surtout avec des justifications aussi vides de sens). Ce n’est pas avec des arguments aussi stupides qu’ils nous convaincront de la profondeur de leur démarche. Cette réponse me fâche et me fait penser à la personne qui, en pleine chicane, sort quelque chose comme : on le sait ben, toi tu finis toujours le pot de Nutella. TOUJOURS!

Si on avait pu sentir le début d’une once de démarche artistique, peut-être aurait-on pu accorder à la dite démarche un peu de crédibilité (et encore), mais là, on comprend vite que le magazine a simplement tenté de se positionner dans le marché mondial des publications de mode. Et de la manière la plus basse et dénigrante envers ses principales consommatrices (AKA les femmes, duh).

Merci 12 Magazine, grâce à toi, on a réfléchi un peu (GNE)!

 

Et vous, qu’est-ce que vous pensez de tout ça?
Quoi qu’il en soit, on leur donne un gros coup de gueule, HA!

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